Les évêques brésiliens donnent leurs orientations pour le second tour de la présidentielle
Xavier Sartre – Cité du Vatican
«Des propositions et des projets qui vont dans le sens de la construction d’une société où règnent la justice et la paix sociale» : voilà ce qu’attendent les évêques brésiliens avant le second tour de la présidentielle du 28 octobre, lors duquel s’affrontent Jaire Bolsonaro et Fernando Haddad. La conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), via son conseil épiscopal pastoral, réuni à Brasilia les 23 et 24 octobre, a rappelé aux électeurs leur devoir et leur responsabilité.
«Il appartient à la population de juger, dans la liberté de sa conscience, le projet qui répond le mieux aux principes du bien commun, de la dignité de la personne humaine, de la lutte contre la fraude et la corruption, du respect des institutions du respect de la loi et du respect de la Constitution» écrivent les évêques.
Engagement revendiqué
Ils revendiquent le fait d’assumer des positions pastorales concernant les questions sociales, économiques et politiques, «non par idéologie», précisent-ils, mais «par l’exigence de l’Évangile» qui les pousse à servir tout le monde, et tout particulièrement les pauvres. «Nous ne pouvons pas nous taire lorsque la vie est menacée, lorsque les droits sont bafoués, si la justice est corrompue et si la violence est instituée», comme ils l’avaient déjà rappelé en avril dernier dans leur Message au peuple de Dieu. Ils s’inscrivent ainsi dans la lignée de leurs prédécesseurs qui se sont mis au service d’une «société démocratique, juste et fraternelle».
Dénonciation de la violence
Alors que le climat s’est tendu avant même les résultats du premier tour, les évêques demandent «que soient déposées des armes de haine et de vengeance qui ont généré un climat de violence, stimulé par de fausses nouvelles, des discours et des positions radicales, mettant en péril les bases démocratiques de la société brésilienne. Toute attitude qui incite à la division, à la discrimination, à l'intolérance et à la violence doit être surmontée. Cherchons donc l'amour et la réconciliation et empruntons le chemin de la paix!».
La conférence épiscopale réaffirme son engagement au travers du dialogue, à collaborer en faveur du bien commun avec les institutions sociales et ceux qui seront élus pour gouverner le pays.
Une classe politique discréditée
Le climat politique au Brésil s’est dégradé depuis plusieurs années après l’éclatement d’une série de scandales de corruption qui ont touché quasiment toute la classe politique. Dilma Rousseff, présidente de 2011 à 2016 a été ainsi destituée par le Parlement tandis que sa formation, le Parti des Travailleurs, a été discréditée. Luis Ignacio Lula da Silva, président de 2003 à 2011, pressenti pour briguer un nouveau mandat, n’a pas pu se présenter, ayant été reconnu coupable de corruption et incarcéré.
Fernando Haddad, qui l’a remplacé au pied levé à quelques semaines du premier tour, s’est tout de même qualifié pour le second tour face à Jaire Bolsonaro, du parti social-libéral, considéré par nombre d’observateurs étrangers comme étant d’extrême-droite. Ses déclarations à l’encontre des minorités ou des femmes, ses propos favorables à la dictature militaire qui a dirigé le pays pendant une vingtaine d’années, ont polarisé l’électorat comme jamais depuis le retour de la démocratie en 1986.
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