Cameroun : meurtre d’un jeune séminariste en région anglophone
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Vers 9h30, une fois la Messe terminée, alors que Gérard Anjiangwe et les fidèles «se trouvaient face à l’église, est arrivé un camion militaire provenant de Ndop qui s’est arrêté au début de la rue portant à l’église. Un certain nombre de militaires sont descendus du véhicule et ont ouvert le feu», détaille le communiqué de l’archidiocèse de Bamenda.
Mort en priant le chapelet
Alors que les fidèles se sont réfugiés dans la sacristie, en barrant la porte, le séminariste s’est prostré à terre en récitant le chapelet. «Les militaires ont en vain cherché à ouvrir la porte et se sont alors approchés de Gérard Anjiangwe, étendu au sol, lui ordonnant de se lever, ce qu’il a fait sans hésitation» indique Mgr Esua.
Après l’avoir interrogé, les militaires ont ordonné au séminariste de s’agenouiller à nouveau. «Ils ont ensuite ouvert le feu par trois fois sur son cou et il est mort à l’instant», peut-on lire. «On lui ont demandé de se coucher sur le ventre, c’est alors qu’on lui a tiré dessus à bout portant», décrit un témoin, précisant que les bourreaux ont abandonné le corps baignant dans une mare de sang, non loin de son chapelet.
L’archevêque de Bameda a lancé un appel à tous les chrétiens, afin qu’ils prient pour l’âme de Gérard Anjiangwe et pour sa famille, en particulier ses parents dont il est le fils unique.
L’armée camerounaise incriminée
Les responsables seraient les militaires camerounais, selon le même communiqué. Ce n’est pas la première fois que le conflit opposant depuis 2017 l’armée camerounaise aux forces indépendantistes anglophones fait des victimes collatérales parmi le clergé. Le 20 juillet dernier, l’abbé Alexander Sob, prêtre de la paroisse Sacré-Cœur de Bomaka, dans l’Ouest du pays, a été assassiné par des militaires. L’enquête pour trouver les coupables reste attendue. Une semaine plus tôt, le 14 juillet, le révérend Isaac Atoh, pasteur ghanéen de l’Église pentecôtiste avait été abattu lui aussi par des soldats camerounais à Batibo.
Cet épisode dramatique est aussi à situer dans un contexte de tensions ayant précédé et accompagné les élections présidentielles du 7 octobre dernier dans les régions anglophones du Cameroun. Les résultats officiels du scrutin n’ont pas encore été annoncés.
Avec Fides et AED-France
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