Les dernières heures de la 1ère Guerre Mondiale à Vrigne-Meuse
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Les combats sur le front occidental de la Première Guerre mondiale se sont arrêtés le 11 novembre 1918 à 11h du matin. Partout le long de la ligne de front, le clairon a annoncé la fin des hostilités. L’armistice entre les Alliés et les Allemands avait été négocié depuis le 7 novembre dans un wagon stationné dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne. Il avait été signé vers 5h20 du matin le 11.
Pourtant, des coups de feu ont été encore tirés de part et d’autre du front jusqu’à quelques minutes de l’heure fatidique. Vers 10h50, un agent de transmission de quarante ans, Augustin Trébuchon, reçoit une balle allemande en pleine tête Vrigne-Meuse, dans les Ardennes, au sud-est de Charleville-Mézières. Il est considéré jusqu’à présent comme le dernier mort de la Première Guerre mondiale.
Une dernière offensive
Ce soldat appartenait au 415e Régiment d’infanterie commandé par le chef de bataillon Charles de Menditte. Cette unité avait reçu l’ordre du maréchal Foch, commandant en chef des armées alliées, de mener une offensive dans la région de Vrigne-Meuse, de traverser la Meuse et d’y installer une tête-de-pont. Il s’agissait de montrer aux Allemands la détermination des Alliés. Les soldats français s’exécutèrent avec succès dans la nuit du 10 et 11, malgré de lourdes pertes.
Depuis, tous les 11 novembre, les survivants, puis leurs descendants, se retrouvent sur place avec les habitants du village pour commémorer ce dernier fait d’armes. Ce qui s’est passé ce 11 novembre, avant et après l’entrée en vigueur de l’armistice, nous est notamment connu grâce à une lettre écrite par Charles de Menditte le 6 avril 1919 à l’un de ses amis.
Joie et tristesse
Le chef de bataillon relate, entre autres, dans cette missive la joie et la tristesse qui s’emparèrent des combattants du 415e et de la Garde prussienne qui se trouvait en face. Il affirme aussi que «mourir le dernier jour de la guerre, c’est mourir deux fois». Mais que «quelques heures avaient suffi pour rejeter très loin dans un passé aboli les souffrances inouïes de 4 années de guerre». Il décrit la messe et le Te Deum qui ont été célébrées dans la journée avec les civils dans l’église de Dom-le-Mesnil et le feu d’artifice improvisé la nuit venue.
Le petit-fils de Charles de Menditte, le général à la retraite Alain Fauveau, s’est penché sur cette période et a étudié tous les écrits de son grand-père. Il en a tiré l’ouvrage «Mourir le 11 novembre 1918, c’est mourir deux fois», aux éditions Terres Ardennaises. Il revient sur les dernières heures du conflit ; explique pourquoi dix minutes avant la fin des combats Augustin Trébuchon a été tué et revient sur les sentiments mêlés des Poilus.
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