Crise des Gilets jaunes : la société française face à des choix cruciaux
Entretien réalisé par Olivier Bonnel – Cité du Vatican
La déclaration d’Emmanuel Macron, lundi soir, était très attendue. Elle a été suivie par 23 millions de téléspectateurs. Le Chef de l’État a tenté de répondre aux Gilets jaunes en colère en annonçant des mesures sur les bas salaires et les retraites.
Parmi les mesures les plus spectaculaires, la revalorisation du smic à 100 euros par mois dès le mois de janvier prochain, et l’annonce d’un grand débat national qui sera piloté par les maires. Au-delà des mesures annoncées, il va falloir désormais renouer le dialogue pour un président isolé, victime de sa propre stratégie de verticalité du pouvoir et contraint finalement de réhabiliter les corps intermédiaires.
L’éclairage de Vincent Martigny, professeur de Sciences politiques à l’École polytechnique
Dans ce contexte, le Conseil permanent de la Conférence des évêques a diffusé ce mardi un communiqué rappelant que cette crise est «révélatrice d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance envers les responsables politiques». Avec réalisme, les évêques de France estiment que «la sortie de crise sera difficile car les enjeux sont tout autres que conjoncturels : il en va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir l’avenir».
En reprenant leur propos de 2016 dans la lettre pastorale Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique, les évêques rappellent qu’il faudrait être «sourds ou aveugles pour ne pas nous rendre compte de la lassitude, des frustrations, parfois des peurs et même de la colère, intensifiées par les attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de changements. Il faudrait être indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire national.»
L'invitation à un large débat dans les paroisses
En constantant que «notre démocratie manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble», les évêques invitent à s’appuyer sur le riche maillage des paroisses et des mouvements d’Église pour un ample débat, en s’appuyant sur ces cinq questions :
1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?
2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?
3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?
5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?
Ils invitent à transmettre ce qui pourra ressortir de ces réflexions aux évêques et aux élus locaux.
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