Le futur incertain des orthodoxes russes d’Europe occidentale
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Quel sera leur avenir? Ils doivent se concerter cette semaine pour y réfléchir. Les orthodoxes russes d’Europe occidentale ont été stupéfaits d’apprendre fin novembre la dissolution de leur archidiocèse.
Ainsi en a en effet décidé le patriarcat auquel ils sont rattachés depuis 1931, temporairement d’abord puis de manière permanente à partir de 1999. Il s’agit du patriarcat de Constantinople et non de Moscou, bien que ces dizaines de milliers de fidèles soient de tradition spirituelle russe et qu’ils célèbrent en slavon dans leurs 120 paroisses de France, du Benelux ou des pays scandinaves.
Exilés en Europe après la révolution de 1917, ces orthodoxes russes ont en effet refusé de demeurer sous l’autorité du patriarcat de Moscou, perçu comme soumis au pouvoir soviétique.
Aujourd’hui, leur exarchat est donc dissous. Au terme d’une réunion du Saint-Synode à Istanbul (Turquie), le patriarche Bartholomée en a informé, sans préambule, l’archevêque Jean, qui en a la charge. Officiellement, cette décision vise à «renforcer encore plus le lien des paroisses de traditions russes avec Constantinople», selon le communiqué du Synode.
Christophe Levalois est rédacteur en chef d'Orthodoxie.com, et auteur de «Le christianisme orthodoxe face aux défis de la société occidentale», paru cette année aux éditions Cerf. Il revient sur «le choc» provoqué par cette dissolution et sur les interrogations laissées en suspens sur les motivations d’un tel choix.
Cette annonce soudaine et imprévisible intervient alors qu’un grave contentieux oppose Moscou et Constantinople. Le 11 octobre dernier, le patriarche Bartholomée a décidé de reconnaître une église orthodoxe d’Ukraine indépendante, «mettant fin à 332 années de tutelle religieuse russe» dans le pays, souligne le journal La Croix.
Il a convoqué ce samedi un «concile de réunification» espérant unir sous l’autorité d’un seul homme, chose qui s’annonce peu aisée, l’Église orthodoxe du patriarche Philarète de Kiev et l’Église autocéphale ukrainienne du patriarche Onuphre. Cette décision a en tout cas soulevé l’ire des autorités religieuses du patriarcat de Moscou, in et hors-frontières, qui accusent Bartholomée de «transgression de l’unité et de la conciliarité de l’Eglise orthodoxe », «une menace pour l’Église du Christ».
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