Attentat meurtrier contre la cathédrale de Jolo aux Philippines
Adélaïde Patrignani (avec agences) – Cité du Vatican
La première bombe a explosé à l’intérieur de la cathédrale au moment de la messe dominicale, et la seconde à l’extérieur, quand les militaires sont arrivés, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le lieutenant-colonel Gerry Besana, porte-parole régional de l’armée. «C’est probablement un acte terroriste. Il y a des gens qui ne veulent pas la paix», a-t-il ajouté. Une vingtaine de personnes ont été tuées.
Sur les photos circulant sur les réseaux sociaux, les scènes montrent l’ampleur du drame: les corps gisent parmi les décombres de l’édifice, tandis que les rues alentours sont envahies par la foule et par les forces armées; ces dernières tentent d’évacuer les victimes. Les blessés les plus graves sont transportés en hélicoptère jusqu’à la ville de Zamboanga, voisine de Jolo.
Sécurité renforcée dans le pays
Comme l’a expliqué dans un communiqué le ministre philippin de la Défense, Delfin Lorenzana, le niveau d’alerte a été élevé afin de «garantir la sécurité dans tous les lieux de culte» et de mettre en place des actions préventives. «Nous utiliserons toute la force légale pour amener devant la justice les auteurs de cet incident» a-t-il aussi déclaré. Les islamistes sont pour l’heure les principaux suspects de l’attentat, qui n’a pas encore été revendiqué.
La province de Sulu, à laquelle appartient l’île de Jolo, est en effet le bastion du groupe Abou Sayyaf, une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste qui est accusée d'avoir organisé les pires attentats aux Philippines, notamment contre un ferry en 2004 (plus de 100 morts). Le principal groupe rebelle du pays, le Front Moro islamique de libération, qui a signé en 2014 un accord de paix avec Manille, combat Abou Sayyaf aux côtés des forces gouvernementales.
Une région sur la voie de l’autonomie
Cet attaque meurtrière survient dans un contexte politique particulier pour la région. Lundi 21 janvier a eu lieu un référendum sur la création dans le sud des Philippines de la région autonome Bangsamoro. Plus précisément, il s’agit d’accorder l'autonomie pour les musulmans – à l’exclusion d’organisations comme le groupe Abou Sayyaf - dans certaines parties de l’archipel philippin à majorité catholique. Une proposition massivement approuvée, selon les résultats annoncés il y a deux jours. La mise en place d’une zone à majorité musulmane vise à rétablir la paix après des décennies d’un conflit qui a fait 150 000 morts. Dans la province de Sulu cependant, c’est le "non" qui l’a remporté.
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