L’appel d’un évêque brésilien suite à un conflit agraire meurtrier
Adélaïde Patrignani (avec Sir) – Cité du Vatican
Le drame s’est déroulé le 5 janvier dernier dans la commune de Colniza, au nord de l’État brésilien du Mato Grosso. Une manifestation d’agriculteurs qui réclamaient l’accès à la terre a été réprimée dans le sang, faisant un mort et neuf blessés, dont deux graves. Les agriculteurs, désarmés selon des témoins, occupaient des terres appartenant à l’ancien gouverneur de l'État du Mato Grosso, Silval Barbosa. Une des victimes, âgée de 38 ans, a été touchée mortellement par des tirs d’armes à feu.
Une conséquence prévisible des tensions locales
La Commission pour la Pastorale de la terre y voit une «tragédie annoncée», comme elle l’a expliqué dans une note publiée suite au drame. Tragédie plusieurs fois signalée par la Commission en question et par une autre organisation locale, le Forum pour les Droits humains et pour la Terre du Mato Grosso: tous deux avaient déjà «prévenu du conflit imminent dans la région, où 200 familles revendiquent le droit à la terre et vivent sous la menace de 30 hommes armés». Les victimes de ces fréquentes attaques armées sont des paysans et des personnes qui ont droit à la terre où elles ont longtemps vécu et travaillé, précise la note de la Commission.
Rechercher la justice et la vérité
Dans un communiqué, Mgr Neri Rosé Tondella, évêque de Juina dans le Mato Grosso, a fait part de sa «grande tristesse» suite à cette nouvelle «effusion de sang». «Les problèmes relatifs à la terre restent irrésolus, avec la pire issue possible», s’est-il désolé, avant de lancer cette interrogation: «Jusqu’à quand aurons-nous besoin des morts pour résoudre les problèmes de la terre ?». L’évêque assure ensuite que l’Église ne cessera pas d’œuvrer pour la paix, «fruit de la justice», surtout envers ceux qui ont droit à la terre : «nous condamnons tout type de violence, du frère qui tue un autre frère. Le combat pour la recherche de la vérité doit continuer !», conclut-il.
L’État du Mato Grasso est emblématique des problèmes agraires et environnementaux auxquels le Brésil est confronté. Il s’agit d’une des zones les plus riches du monde du point de vue de la biodiversité, durement touchée cependant par la déforestation, l’agriculture intensive et la construction de routes. La moitié du territoire est occupée par la forêt amazonienne. Ces enjeux seront certainement examinés lors de l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques sur le thème “Amazonie : Nouveaux chemins pour l’Église et pour l’écologie intégrale”, qui se tiendra en octobre prochain au Vatican.
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