Une Française veut relancer la FAO pour éradiquer la faim
Un entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Elle était aujourd'hui à Berlin, au Forum international sur l'agriculture et l'alimentation (GFFA) qui rassemble, en marge de la Semaine Verte, le salon allemand de l’agriculture, entre 50 et 60 ministres de l'agriculture venant du monde entier ainsi que des organisations internationales, des ONG, industriels et scientifiques.
Une candidate pour représenter l'Europe
Catherine Geslain-Lanéelle est la première candidate mandatée par les 28 pays membres de l’Union européenne dans l'espoir d'obtenir la direction générale de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, basée à Rome. Elle a décidé de faire connaître sa candidature dès le mois de juillet derenir pour «mieux se préparer» et de faire un tour du monde afin de se présenter auprès des acteurs locaux, et se mettre à leur écoute.
Catherine Geslain-Lanéelle est pour l'instant la seule en lice, mais les personnes désirant prendre les commandes de la FAO ont jusqu’au 28 février pour se déclarer. Le vote est lui prévu lors de la 41ème Assemblée générale de l’organisation, fin juin, un mois avant la fin du mandat du brésilo-italo-américain, José Graziano da Silva.
Le rôle crucial de l'agriculture
Catherine Geslain-Lanéelle, 55 ans, est ingénieure agronome et des Eaux et Forêts. Elle a travaillé pendant trente ans au sommet des instances gouvernementales agricoles et alimentaires en France (directrice de l’agriculture d’île-de-France, Directrice générale de l’alimentation puis, pendant cinq ans, de la performance économique et environnementale des entreprises au ministère français de l’Agriculture). A l'international, la candidate a dirigé de 2006 à 2013 l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Basée à Parme en Italie, l’EFSA délivre les avis scientifiques sur les risques associés à la chaîne alimentaire. L'organisation compte plus de 500 agents et collabore avec un réseau de plus de 2000 chercheurs et experts en Europe et dans le monde.
Lors de la Cop 21, Catherine Geslain-Lanéelle prend également part à la création de la plateforme internationale «4 pour 1000». L’initiative lancée par la France consiste à montrer que l’agriculture et en particulier les sols agricoles, peuvent jouer un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et le changement climatique. Elle encourage au captage du carbone dans les sols agricoles pour lutter contre le réchauffement de la planète. Plus récemment, elle a prit part à la COP 24 à Katowice en Pologne. A l’issue de la dernière conférence de l’ONU sur le Climat, la Banque mondiale a promis de mobiliser 200 milliards d’euros sur 5 ans. Une somme qui pourrait en partie être allouée à la FAO, espère la candidate.
Si elle est élue à la tête de l’agence onusienne, Catherine Geslain-Lanéelle souhaite attirer les investissements publics ou privés pour consolider les vastes connaissances acquises par la FAO depuis sa création en 1945, afin de mieux les valoriser et de passer à l’action sur le terrain «en synergie» avec les autres agences de l’ONU tels que le Programme alimentaire mondial, le Fonds international pour le développement agricole, ou encore l’Unicef.
La faim en hausse dans le monde
Les fonds récoltés pourraient aider à créer de l’emploi dans le secteur agricole, par exemple en Afrique Sub-saharienne où la production est «4 à 6 fois inférieure à ce qu’elle pourrait être». Cela permettrait aux agriculteurs de sortir de la pauvreté, de ne pas abandonner leurs territoires et de cultiver leurs sols en s’adaptant aux besoins de la population, tout en prenant en considération la régénération de la terre ou de l’eau. Catherine Geslain-Lanéelle plaide pour des «solutions intégrées». Selon elle, un monde où la sécurité alimentaire est garantie est un monde plus sûr.
Depuis trois ans, la faim est repartie à la hausse. Elle touche 821 millions de personnes. Plus de 2 milliards d’individus souffrent également de malnutrition. Mais la Française se dit confiante. La FAO doit être «plus agile, et plus réactive» mais elle offre à ses 194 Etats membres la possibilité d’échanger et, forte des connaissances acquises, de trouver des solutions qui soient adaptées à chacun pour produire plus et mieux. «Des solutions existent» pour venir à bout de la faim.
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