La libération de Laurent Gbagbo suspendue
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devront attendre encore un peu pour être libres. Après un acquittement retentissant mardi 15 janvier, la Cour pénale internationale (CPI), a suspendu mercredi soir la remise en liberté de l’ancien président ivoirien et de son ministre. Le procureur de la Haye a déposé un nouvel appel le 16 janvier, afin d’examiner les arguments des juges concernant l’acquittement, une tâche qui pourrait prendre plusieurs mois. Les juges de la cour doivent dire dès aujourd’hui s’ils acceptent ou non l’appel du procureur, en attendant Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé restent en détention à la Haye.
Cela fait maintenant 7 ans que l’ancien président ivoirien est derrière les barreaux. Arrêté en avril 2011 à la suite de la crise post-électorale au cours de laquelle sont mortes plus de 3 200 personnes, Laurent Gbagbo était accusé de 4 chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécution et autres actes inhumains pour lesquels a toujours plaidé non coupable.
Si la CPI maintient sa remise en liberté, l’ancien leader du Front populaire ivoirien reste sous le coup d'une condamnation de la justice ivoirienne qui date de janvier 2018 pour crimes économiques. Mais l’avenir de Laurent Gbagbo paraît tout de même s’éclaircir: l'élection présidentielle a lieu en 2020 en Côte d’Ivoire, et à l'annonce de sa libération l’ancien président Henri Konan Bédié s’est empressé de déclarer que «la voie était libre pour sceller une alliance politique» entre les deux hommes.
Maintenir un climat de réconciliation
Au lendemain de l’acquittement de celui qu’on surnomme "le boulanger d’Abidjan", le gouvernement ivoirien a appelé la population «au calme, au pardon et à la réconciliation». «Le chef de l'Etat (Alassane Ouattara) et le gouvernement ont une pensée pour les victimes» de la crise post-électorale de 2010-11, a ajouté le ministre de la Communication, précisant que des «mesures additionnelles» seraient prises en leur faveur.
Le père Augustin Obrou est curé de la Paroisse Saint Jacques des deux plateaux à Abidjan et responsable de la communication du diocèse. «Il ne faut pas avoir peur» si Laurent Gbagbo rentre au pays estime-t-il. Il appelle à l’unité et à l’apaisement de ses concitoyens: «Regardons comment la Côte d’ivoire va sortir grandie de cette étape de sa vie. Que les uns et les autres ne mettent pas de l’huile sur le feu, mais que chacun de nous oeuvre pour laisser le pays aller vers les hauteurs et non pas nager dans les marécages.»
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