Algérie : les raisons de la colère, l’impact des manifestations
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
À partir de vendredi 1er mars, les Algériens sont invités à trois jours de grève générale, dans tout le pays, pour faire reculer le pouvoir. Sur les réseaux sociaux, les appels à la mobilisation se sont multipliés depuis qu’Abdelaziz Bouteflika a présenté sa candidature à l’élection présidentielle du 18 avril prochain. Les Algériens ont suivi.
La semaine dernière, vendredi, ils étaient des dizaines de milliers de personnes à avoir défilé dans plusieurs villes du pays. «Non à un 5ème mandat», «Ni Bouteflika, ni Saïd (prénom du chef de l’État)», scandaient-ils dans la rue. Aux anonymes ont succédé plusieurs mouvements identifiés : ceux des avocats lundi, des étudiants mardi. Tous parlent de «l’humiliation collective» que cause la candidature d’un homme âgé de 81 ans, considérablement affaibli par un AVC en 2013, et au pouvoir depuis deux décennies.
En dehors de quelques heurts vendredi dernier à Alger, les manifestations se sont déroulées dans le calme. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia n’a pas manqué cependant de souligner que les Algériens devaient s’exprimer dans les urnes, qu’il y avait des « risques de dérapage ». Le chef d’état-major a, lui, mis en garde contre l’«aventurisme». Dans le journal, l’Expression, Ahmed Gaïd Salah se demande s’il est «raisonnable de pousser des Algériens vers l'inconnu à travers des appels qui, en apparence, sont pour la démocratie, mais en réalité, visent à entraîner les citoyens sur des chemins non sécurisés, aux conséquences incertaines et qui ne sont pas forcément dans l'intérêt de l'Algérie».
Comment réagira le pouvoir si le mouvement perdure. Peut-on dès lors craindre des violences ? Kader Abderrahim, spécialiste du Maghreb et maître de conférences à SciencesPo Paris, estime ce scénario possible.
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