2 milliards de personnes privées du droit à l’eau potable: les Nations-Unies s’inquiètent
Colombe de Barmon- Cité du Vatican
Depuis 2010, le droit de chaque personne à l’eau potable est reconnu par les traités internationaux comme inaliénable. Pourtant à ce jour, l’ONU dénombre 2 milliards de personne qui n’ont pas accès à l’eau potable, soit un tiers de la population mondiale. Présenté ce mardi 19 mars à Genève, un rapport inquiétant quant à la situation des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène a été rédigé par l’ONU pour la Journée mondiale de l’eau qui a lieu ce vendredi 22 mars.
Les chiffres sont là. Dans le monde, trois personnes sur dix n’ont pas accès à l’eau en toute sécurité et près de la moitié de la population mondiale puise l’eau en surface (la majeure partie en Afrique subsaharienne). Six personnes sur dix n’ont pas accès à des installations sanitaires et une sur dix défèquent à l’air libre.
L’eau, une ressource de plus en plus sollicitée
Alors que la démographie est croissante, provoquant des besoins en eau de plus en plus conséquents, l’eau se raréfie. Depuis les années 1980, les besoins en eau augmentent de 1% par an et cela risque de continuer, alerte le rapport. Aujourd’hui, 4 milliards de personnes font face à des pénuries d’eau d’un mois par an.
Les difficultés d’accès à l’eau
Pour obtenir de l’eau potable, tout le monde n’est pas à égalité. C’est ce constat qui inquiète les rédacteurs du rapport, qui révèle de grandes disparités d’accès à l’eau selon le groupe social des personnes. Selon le sexe, l’âge, la santé ou les ethnies, les possibilités d’accès à l’eau diffèrent. Richard Connor, rédacteur en chef du rapport de l'ONU, distingue trois catégories de population discriminées: les pauvres dans les zones urbaines, les pauvres en milieu agricole et les réfugiés. Leur point commun: tous sont démunis.
Dans les villes, les plus vulnérables en terme d’accès à l’eau sont les personnes vivant dans les bidonvilles. Et elles sont nombreuses. Dans les pays les moins avancés, les Nations Unies estiment que 62% des citadins vivent dans des logements informels. Ils ne sont donc pas reliés à l’eau courante. Non déclarés auprès des gouvernements, les États les oublient, ne les prennent pas en compte dans leur politique. Pour Richard Connor, il s’agit d’un «aveuglement volontaire» de la part des autorités.
Dans les campagnes, l’enjeu de l’accès à l’eau est primordial. En effet, les exploitations agricoles, quand elles dépendent des précipitations, ont une productivité bien inférieures à celles qui disposent de système d’irrigation, au moins en temps de sécheresse. Dans les pays les plus pauvres, les exploitations sont de petites tailles, avec une faible productivité: leur production n’est que de subsistance. Leur permettre un accès à l’eau leur permettrait donc une productivité plus grand et de vendre le surplus de leur récolte. À terme les exploitants sortiraient donc de la pauvreté, nous explique M. Connor.
Actuellement, les personnes exclues d’un accès à l’eau courante sont obligées d’acheter de l’eau à un prix élevé. Une eau de moindre qualité et dont l’accès peut être plus dangereux.
Globalement, les zones les plus touchées par ce problèmes sont «partout où il y a de la pauvreté», indique Richard Connor. Néanmoins, le rapport pointe du doigt une situation difficile en Afrique et en Asie et montre que les femmes sont les plus vulnérables.
Un enjeu vital
Chaque année, 780 000 personnes meurent de dysenterie ou de choléra, dues à la consommation d’une eau peu saine. C’est plus que les victimes de conflits, de séismes ou d’épidémies, insiste le rapport.
L’accès à l’eau, souligne Richard Connor, ce n’est pas simplement un problème qui concerne le bien-être personnel, la consommation et l’hygiène. L’accès à l’eau a des retombées dans bien d’autres domaines de la vie: la santé bienn sûr, mais aussi l’accès à l’éducation et au travail. Les externalités d’un investissement pour un meilleur accès à l’eau et sanitaire sont extrêmement positives à long-terme.
Le Programme des Nations Unies visait un «accès universel et équitable à l’eau potable» en 2030. Au vu de la situation, cet objectif pourrait ne pas être atteint. Pour une gestion transparente et plus intelligente des ressources hydriques, l’ONU appelle à se tourner vers davantage de politiques de gouvernance. Mais il s’agit aussi d’investir dans des infrastructures permettant un meilleur service d’approvisionnement et d’assainissement.
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