Consternation en Biélorussie face à la destruction des croix de Kourapaty
Manuella Affejee (avec BBC)- Cité du Vatican
C'est dans ce lieu symbolique près de Minsk, la capitale, que sont enterrées des dizaines de milliers de victimes du régime soviétique. Les Églises catholique et orthodoxe ont fermement condamné cette décision du gouvernement Loukachenko. La consternation est unanime, surtout au regard du calendrier: ces destructions interviennent en effet en plein Carême, alors que les chrétiens regardent justement vers la croix du Christ, symbole de Salut et d’espérance.
Cette décision attriste tant les orthodoxes que les catholiques qui affirment ne pas avoir été consultés au préalable. Selon les évêques, ce geste démontre «l’indifférence» des autorités face à la tragédie des meurtres de masse, dont Kourapaty, un des nombreux Golgotha du monde contemporain, est devenu le symbole.
Ce bois proche de Minsk fut en effet le lieu d’exécution de dizaines de milliers de Biélorusses, parmi lesquels de nombreux chrétiens. Ces massacres furent perpétrés par le régime soviétique entre 1937 et 1941, à l’acmé de la terreur stalinienne. Découvert en 1988, il est vite devenu un lieu de pèlerinage et de prière. Au fil des ans, de nombreuses croix de bois ont ainsi été érigées en mémoire des victimes.
De nouvelles croix ont été installées l’année dernière par des opposants au président Loukachenko. Cette initiative a poussé les autorités à sévir, prétextant de leur illégalité. Catholiques et orthodoxes tentent donc aujourd’hui de clarifier les choses: ces croix ne doivent pas être instrumentalisées à des fins politiques, rappellent-ils: elles sont un mémorial spirituel pour ces milliers de personnes victimes d’un régime «qui a lutté contre Dieu».
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