Législatives au Bénin: vers un Parlement dédié au pouvoir ?
Marine Henriot - Cité du Vatican
Faut-il craindre pour la démocratie au Bénin ? Depuis la fin des décennies communistes en 1991, le Bénin était considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. Mais les élections législatives du dimanche 28 avril viennent ternir le tableau: aucun des partis d’opposition n’a été autorisé à se présenter par la Commission électorale béninoise. Les près de 5 millions d’électeurs doivent donc choisir entre deux partis apparentés au pouvoir : l’Union progressiste et le Bloc Républicain.
Tentative de réforme de la Constitution ?
En mars 2017, un an après son arrivée au pouvoir, le président Patrice Talon avait vainement souhaité faire adopter une réforme de la constitution. Parmi les mesures emblématiques, le financement public des partis politiques et un mandat unique de six ans pour le président de la République. Les élections législatives de dimanche, succès assuré pour le pouvoir, lui permettront ainsi d’avoir les coudées franches pour modifier la constitution béninoise. «Naturellement, il y a un lien vers une révision de la constitution et la situation actuelle», abonde Steve Kpoton, juriste et analyste politique, consultant en affaires politiques et gouvernance démocratique.
L’inquiétude des observateurs
Observateurs et ONG de protection des droits de l’Homme s'inquiètent d’un important recul démocratique : pour le même scrutin, il y a 5 ans, vingt listes avaient été présentées aux électeurs, pour choisir les 83 députés du parlement. L’ONG Social Watch Bénin, très active dans le pays, a décidé de suspendre sa participation aux élections législatives, dans de telles conditions. Le président Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016 se montre lui plus pragmatique : le chef de l’Etat a voulu réconforter ceux qui n’ont pu s’inscrire sur les bulletins de vote, déclarant que la vie «ne s’arrêtait pas là».
La démocratie béninoise est-elle en danger ? Eléments de réponse avec l’analyste Steve Kpoton.
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