RDC - Rwanda, la difficile réconciliation
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le 27 mars dernier, les présidents congolais et rwandais déclaraient vouloir oublier le passé et travailler ensemble pour mettre fin à la violence le long de leur frontière commune. Félix Tshisekedi et Paul Kagame s’exprimaient lors de l’Africa CEO Forum, à Kigali.
«Nos pays resteront voisins pour toute la vie, et nous, nous ne sommes que des acteurs spontanés, nous passons à un moment donné (...) Donc se faire la guerre, entretenir des tensions inutiles, c'est une perte de temps. C'est une perte de temps que nous aurions pu mettre à profit pour bâtir, pour reconstruire», a notamment déclaré Félix Tshisekedi.
Relations contrastées
Les relations entre les deux voisins furent assez bonnes pendant la période du mandat belge sur le Rwanda, de 1919 à 1962, et après les indépendances. Mais le génocide rwandais de 1994 a exporté le conflit civil rwandais en République démocratique du Congo (RDC), alors Zaïre. Depuis, l’est de la RDC est déstabilisé avec la présence de plusieurs groupes armés dont les FDLR, les forces démocratiques de libération du Rwanda. Sans compter sur l’intervention de l’armée rwandaise au Congo dans le cadre de la deuxième guerre du Congo (1998-2002).
Dans ces conditions, «on ne peut pas parler d’oublier le passé. C’est quelque chose d’impensable et d’impossible», affirme Isidore NDaywel, historien et professeur émérite à l’université de Kinshasa. Il faudrait ainsi, qu’en tout premier lieu, le Rwanda reconnaisse les dégâts qu’il a commis et fasse «amende honorable», estime l’historien.
Mais ce parcours ne sera pas facile tant l’influence de Kigali sur la politique congolaise est importante. Si la RDC a lancé une action devant la justice internationale contre l’Ouganda, autre pays à s’être impliqué dans la guerre au Congo, il n’en est pas de même contre le Rwanda. «Jamais on a osé accuser le Rwanda, ce qui montre bien la mainmise rwandaise sur la gouvernance du Congo», souligne ainsi Isidore NDaywel.
La route pour une vraie réconciliation est donc encore longue d’autant que les problèmes de fond n’ont pas encore été abordés, explique-t-il.
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