La cour d'appel de Paris ordonne la reprise des soins de Vincent Lambert
Dans un tweet publié lundi 20 mai à la mi-journée, le Pape François a diffusé ce message: «Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet». L’appel du Saint-Père s’est inscrit en cohérence avec ses autres interventions sur ce dossier complexe. Le 15 avril 2018, lors de la prière du Regina Cœli, le Pape avait ainsi qualifié l'affaire Vincent Lambert de «situation douloureuse et complexe». Il avait aussi demandé que «chaque malade soit respecté dans sa dignité et soigné d'une façon adaptée à son état de santé».
Choisir entre la civilisation du déchet et la civilisation de l’amour
Lundi, c’est aussi l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, qui s’est exprimé dans un communiqué. «Il y a aujourd’hui un choix de civilisation très clair, explique-t-il, soit nous considérons les êtres humains comme des robots fonctionnels qui peuvent être éliminés ou envoyés à la casse lorsqu’ils ne servent plus à rien, soit nous considérons que le propre de l’humanité se fonde, non sur l’utilité d’une vie, mais sur la qualité des relations entre les personnes qui révèlent l’amour». «Une fois de plus nous sommes confrontés à un choix décisif : la civilisation du déchet ou la civilisation de l’amour», résume-t-il en des termes qui rejoignent ceux du Pape. «Le Christ nous a révélé la seule manière de grandir en humanité: “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé”. Et il nous a donné la seule manière d’exprimer cet amour: “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”», souligne l’archevêque de Paris.
Un homme en vie «dans un état stable»
«Dans le cas précis de M. Vincent Lambert, on constate qu’il a les yeux ouverts, qu’il respire normalement, qu’il est dans un état stable, pas du tout en fin de vie», estime l'archevêque, lui-même ancien médecin. Mgr Aupetit relève qu’il «n’est pas mentionné qu’il présente de souffrance insupportable qui nécessite une sédation profonde sauf évidemment dans le cas où l’arrêt de l’hydratation par les médecins entraînerait la douleur cruelle de mourir de soif. Il ne s’agit pas d’une «obstination thérapeutique» puisque ce ne sont pas des soins curatifs d’une maladie incurable, mais simplement les soins corporels et nutritionnels de base que l’on doit aussi aux personnes âgées dépendantes, hémiplégiques, et aux bébés qui ne sont pas encore autonomes».
«Mon cœur de prêtre me porte à prier pour lui, soumis à tant de pressions, et dont la vie ne peut dépendre que de décisions qui lui échappent», écrit l’archevêque de Paris à propos du patient, au cœur d’un «cas si particulier» et «emblématique de la société dans laquelle nous voulons vivre».
La reprise des soins divise la famille
Le tweet du Pape et le communiqué de Mgr Aupetit ont été publiés alors que le service des soins palliatifs de l’hôpital de Reims procédait à l’arrêt des machines pourvoyant à l’alimentation et à l’hydratation de Vincent Lambert. Dans la soirée, la Cour d’appel de Paris a ordonné le rétablissement des traitements visant à le maintenir en vie, au moins jusqu'à ce qu'un comité de l'ONU - Comité international des droits des personnes handicapées - se prononce sur le fond de son dossier. La mère de Vincent Lambert a salué «une très grande victoire» et s’est dite «fière de la justice». Les parents du patient tétraplégique avaient déposé lundi de nouveaux recours judiciaires pour tenter d’arrêter ce qu’ils considéraient comme une «euthanasie déguisée». Mais la décision de la Cour d’appel a aussi choqué une partie de la famille de Vincent Lambert, favorable à l’arrêt des traitements. Son neveu a dénoncé du «sadisme pur de la part du système médico-judiciaire». L’hôpital de Reims doit accueillir ce 21 mai les deux avocats des parents de Vincent Lambert; ils s’assureront de la reprise de l’alimentation et de l’hydratation de leur fils.
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