Amnistie de prisonniers politiques au Nicaragua
Les libérations ont eu lieu à l’aube ce mardi. Juan Sebastian Chamarro, membre de l’opposition, cité par l'AFP, évoque 56 personnes libérées. Parmi les opposants libérés figurent plusieurs leaders de l’opposition. Sur les réseaux sociaux circulent des vidéos montrant les opposants libérés criant «Nicaragua» et «justice», à leur sortie de prison dans un minibus de la Croix-Rouge internationale.
Ce lundi déjà, le gouvernement nicaraguayen annonçait la libération de 50 prisonniers politiques, en vertu d’une loi d’amnistie décriée par l’opposition, qui y voit une manière de couvrir les exactions commises contre les manifestants par la police et les paramilitaires.
Le Parlement du pays, favorable au président Ortega, a adopté, samedi 8 juin, ce texte en faveur des prisonniers politiques, mais également des forces de répression. En effet, selon l’AFP, les amnistiés sont ceux qui ont fait l’objet d’enquête, cela comprend donc les membres des forces de police ou des groupes paramilitaires qui ont tiré sur les manifestants anti-gouvernementaux ou ont commis des actes de tortures ou de barbarie. La loi prévoit par ailleurs que les prisonniers politiques libérés doivent «s’abstenir» de participer à de futures manifestations d’opposition.
Selon un spécialiste de la région, si l’opposition «se réjouit de ces libérations», elle est dans le même temps très critique envers la loi d’amnistie qui «octroie l’impunité à tous les responsables de la répression». Alors que le pays «s’effondre économiquement», le gouvernement «tente d’assouplir les menaces de sanctions internationales» et «lâche du lest» en libérant les prisonniers. Il cherche aussi à «gagner du temps dans les négociations qu’il mène avec une partie de l’opposition».
En avril 2018, des manifestants étaient descendus dans la rue pour protester contre une réforme de la sécurité sociale. Cette contestation s’était transformée en mouvement demandant le départ de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007. Des manifestations durement réprimées, les violences avaient fait au moins 325 morts et 2000 blessés.
Une adoption trop rapide selon l’Église
Le cardinal nicaraguayen Leopoldo Brenes a lui regretté que cette loi d’amnistie ait été approuvée rapidement. Selon le prélat, ce type d’instruments juridiques méritait une discussion approfondie.
Le cardinal a rappelé les paroles du Pape dans son homélie du dimanche de la Pentecôte, lorsqu'il avait déclaré «que de nombreuses actions sont hâtives et ne donnent pas leur plein effet, il aurait été positif si nous avions accordé plus de temps et de calme à une loi aussi transcendante qu'une amnistie».
Le cardinal a cependant célébré l’annonce des libérations. «Que tous les prisonniers partent est une joie pour les familles», a-t-il déclaré en attendant leur retour. «Nous verrons comment cette loi sera appliquée», a-t-il ajouté, espérant «que tous ceux qui ont été privés de liberté puissent vivre librement dans leur pays».
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