Un enfant sur 10 travaille dans le monde
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«La seule chose qu’un enfant devrait faire travailler est son imagination !», tel est le slogan de cette édition 2019 de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Le Pape François a fait diffuser ce tweet à cette occasion: «Comme adultes, ne volons pas la capacité des enfants à rêver. Favorisons un climat d’espérance, où grandissent et se partagent leurs rêves: un rêve partagé ouvre la voie à un nouveau mode de vie. #TravailDesEnfants»
Les faits témoignent des progrès qui restent à accomplir: 152 millions d’enfants sont astreints au travail au niveau mondial, dont 73 millions effectuent des travaux dangereux, d’après les données de l’OIT. Celle-ci considère le travail des enfants comme «le travail qui est interdit aux enfants soit en raison de leur âge, soit en raison de la nature des tâches à accomplir». Par conséquent, les enfants «sont privés de leur droit à l’enfance, à une bonne éducation et à grandir en sécurité et à l’abri du danger».
Le continent africain particulièrement exposé
108 millions de ces enfants exploités travaillent dans le secteur agricole, dont 75 millions effectuent un travail non rémunéré au sein de leur propre cellule familiale. On les trouve aussi dans le secteur des services (17%) ou de l’industrie (12%), notamment minière, d’après les estimations de l’association Save The Children.
Toujours d’après l’association, 79 millions ont entre 12 et 17 ans, et 73 millions entre 5 et 11 ans, tranches d’âge où les risques néfastes du travail sur la croissance sont très importants.
Concernant la répartition géographique, 72 millions d’enfants contraints de travailler vivent en Afrique – Mali, Nigéria, Guinée Bissau et Tchad en tête. Dans ces quatre pays, plus d’un enfant sur deux travaille. À l’échelle continentale, ce taux est d’un enfant sur cinq. Puis viennent la région l’Asie-Pacifique, les Amériques, l’Europe et l’Asie centrale et les États arabes.
Objectif zéro d’ici 2025
Toutefois, des progrès ont été accomplis ces dernières décennies, comme le constate l’OIT qui célèbre cette année le centenaire de sa création. Les enfants astreints au travail étaient 246 millions en 2000, 168 millions en 2012, et ils seront 137 millions en 2020 au rythme actuel de cette tendance à la baisse. Mais l’OIT se montre plus ambitieuse. Elle prévoit d’intensifier ses efforts et de déployer une stratégie lui permettant d’atteindre l’un des objectifs du Programme de développement durable de l’ONU, adopté en 2015. Autrement dit, la «cible 8.7, qui appelle à l’élimination effective du travail des enfants sous toutes ses formes d’ici 2025». Les principaux domaines d’action identifiés par l’OIT sont la réglementation légale, le marché du travail, la protection sociale et l’éducation. «Une éducation universelle, gratuite, de qualité et pertinente doit doter les enfants des connaissances et des compétences dont ils ont besoin pour mener une vie épanouie dans un monde du travail qui, pour beaucoup, sera très différent de celui d’aujourd’hui», souligne l’organisation à ce sujet.
Zoom sur les évolutions en vingt ans
D’après Save The Children, le taux de travail des enfants a progressé en Afrique depuis 2000: une exception par rapport à la situation des autres continents. En Asie centrale et en Europe orientale, les progrès sont les plus importants, notamment en Ouzbékistan (baisse de 92%) et l’Albanie (baisse de 79%, même si 5% des enfants travaillent encore). En Asie, le Cambodge et le Vietnam ont accompli les progrès les plus significatifs (baisse de 78% et 67% respectivement). Concernant l’Amérique du Sud et les Caraïbes – où un enfant sur dix travaille actuellement -, le Brésil est parvenu à réduire de 80% le taux de travail des 5-14 ans, bien qu’un million d’enfants sont encore concernés par ce phénomène. Au Mexique, le taux de travail des 5-14 ans était de 24% en 2000, avant de passer à 5% actuellement; trois millions d’enfants restent contraints de travailler dans ce pays.
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