Un centre de rétention de migrants sur l'île de Christmas, au large de l'Asutralie (photo d'illustration). Un centre de rétention de migrants sur l'île de Christmas, au large de l'Asutralie (photo d'illustration).  

Migrants: la Papouasie-Nouvelle-Guinée défie son voisin australien

Le nouveau premier ministre de Papouasie Nouvelle Guinée, James Marape, demande à Cambera de revoir « complètement » son contrat avec l’entreprise Paladin Holdings qui gère sur son sol la sécurité des trois camps de transit où sont logés depuis 2017 plus de 500 demandeurs d’asile refoulés d’Australie.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

«L’Australie doit totalement revoir l’accord conclu (avec Paladin holdings) ou alors nous demanderons sa résiliation». C’est l’avertissement lancé ce mardi par le nouveau chef de l’exécutif de Papouasie Nouvelle Guinée. Il y a quelques jours, le ministre papouasien de l’immigration avait déjà évoqué «un appel d’offre transparent et privilégiant des entreprises locales» pour gérer la sécurité des trois centres de transition qui se trouvent actuellement sur l’île de Manus et où logent plus de 500 migrants. La situation a donc changé depuis 2017.

Attribution de marché douteuse

Il y a deux ans, la Cour Suprême de Papouasie avait jugé l’unique camp de rétention de Manus anticonstitutionnel parce que géré, sur son sol, par l’Australie. Cambera avait été contraint le démanteler. Problème, la Papouasie Nouvelle Guinée affirmait alors ne pas avoir les moyens et les compétences pour gérer la sécurité des camps de migrants.

L’Australie passait alors, sans appel d’offres, ce contrat de 257 millions d’euro avec la Paladin Holdings, une entreprise peu transparente -son siège social semble changeant, «sans grande expérience dans le domaine» affirment différents médias, mais en lien avec un influent homme d’affaire papouasien. Une enquête a d’ailleurs été ouverte en avril dernier sur l’attribution de ce contrat par contrôleur général australien-Si seulement la Paladin holdings avait fait ses preuves.

Selon des témoignages de défenseurs des droits de l’homme, l’entreprise contrôlerait à peine les cartes d’identité des personnes travaillent dans les trois camps. La police papouasienne est obligé d’intervenir à chaque incident, comme l’incendie de trois conteneurs servant de dortoirs. Un Indien avait mis le feu à sa « chambre » pour mettre fin à sa vie. Brûlé au visage et aux mains, il risque maintenant d’être poursuivi en justice pour incendie criminel.

Un taux de suicide grimpant en flèche

Fin mai, une unité mobile de la police, lourdement armée, a même été déployée pour enrayer le nombre inquiétant de suicides. Ils sont quasi quotidiens depuis l’arrivée des conservateurs australiens au pouvoir le 18 mai dernier. Immolation, armes, médicaments, pendaison.

Ces migrants sont depuis 5 ans sur l’île. Ils se trouvent dans une situation de vide juridique. L’Australie refuse de les accueillir malgré leur statut de réfugié. Cambera leur propose de rester définitivement en Papouasie où leur présence est mal vécue par la population, de rentrer chez eux, ou de s’installer dans des pays avec lesquels des accords ont été passés, tel que le Cambodge ou les Etats-Unis de Barak Obama.

Depuis l’arrivée de Donald Trump, aucune perspective américaine ne leur est plus offerte. Début juin, le ministre australien de l’intérieur déclarait que plus de 300 migrants avaient vu leur demande rejetée par les Etats-Unis.
 

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25 juin 2019, 15:43