Inquiétude autour des chiites au Nigeria
Marine Henriot - Cité du Vatican
Alors que le mouvement Boko Haram déstabilise le pays depuis dix ans, d’autres tensions moins médiatisées suscitent l’inquiétude dans le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest. Depuis plusieurs mois, les sympathisants du mouvement chiite Mouvement Islamique au Nigeria (IMN) défilaient dans les rues pour demander la libération de leur chef, Ibrahim Zakzaky, détenu depuis décembre 2015, après des violences lors d’une procession religieuse. Une journée noire pour les chiites : l’armée avait tiré dans la foule, faisant plus de 350 morts, pour la plupart des chiites non armés, selon des organisations des défenses des droits humains.
Dimanche 28 juillet, après une nouvelle série de manifestations meurtrières dans la capitale Abuja, la présidence a annoncé l’interdiction du IMN. Selon un journal local, Punch, un tribunal d’Abuja avait autorisé le gouvernement à interdire le mouvement pour «terrorisme et activité illégale». Une décision de la justice qui inquiète le cardinal John Onaiyekan, «le gouvernement ne veut pas reconnaître que les chiites sont aussi des musulmans et leur inflige de sérieuses violences». Fin octobre, les partisans de l’IMN avaient manifesté en masse dans la capitale, et la répression violente de la manifestation avait fait 47 morts selon l’OMN et les observateurs, six selon les autorités. «De ce que j’ai compris, ces protestations étaient toujours pacifiques, mais les autorités ont répondu avec violence, ils les ont attaqués avec des armes», déplore l’archevêque d’Abuja.
L’inquiétude de l’Eglise catholique
Né en tant que mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire inspiré par la révolution islamique en Iran, l’IMN est aujourd'hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria, où l'élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l'Arabie saoudite.
Le chef de l’IMN et sa femme sont en détention, bien qu’un tribunal fédéral ait ordonné en 2016 leur remise en liberté. «Nous catholiques, nous sommes très préoccupés par cette situation : si le gouvernement peut influencer la justice à déclarer un groupe religieux interdit, nous ne pouvons rester silencieux et laisser ce genre de choses se produire. Interdire les mouvements chiites, c’est aller trop loin» déclare le cardinal Onaiyekan.
Mardi 30 juillet, le chef de la police nigériane a ordonné mardi l'interdiction totale du groupe chiite.
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