Guerre contre la drogue aux Philippines: le lourd tribut des pauvres
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
L’ONG fait état d’abus devenus «systématiques», perpétrés dans «l'impunité», et réclame auprès de l'ONU l’ouverture d’une enquête indépendante sur les violations flagrantes des droits humains. Manille a reconnu au moins 6 600 homicides imputables à la police depuis le lancement en 2016 des opérations de lutte contre les trafiquants de drogue. Ils seraient en réalité des milliers supplémentaires, selon Amnesty International.
Au cours de ses investigations, Amnesty International a identifié 20 cas dans lesquels 27 personnes ont été tuées, la plupart dans le cadre d’exécutions extrajudiciaires probables, dans la province de Bulacan, entre mai 2018 et avril 2019. Au total, elle a interviewé 58 personnes, dont des témoins d’exécutions extrajudiciaires, des familles de victimes, des élus locaux et des défenseurs des droits humains.
Des pauvres et des marginalisés pris pour cibles
«Partout où nous sommes allés pour enquêter sur les homicides liés au trafic de stupéfiants, les habitants étaient terrifiés. La peur s’est profondément infiltrée dans le tissu social de la société» indique l’ONG. Les familles et les témoins ont maintes fois réfuté les récits de la police. Dans certains cas, la victime n’a jamais possédé d’arme.
Dans son deuxième rapport sur cette question, Amnesty International relève que les victimes sont principalement des Philippins pauvres qui figurent pour beaucoup sur «des listes de surveillance de la drogue».
Le père Bernard Holzer, assomptionniste en mission depuis 13 ans aux Philippines, réagit à ce rapport. Il décrit un climat de peur qui règne au sein des familles et un sentiment profond de ne pas être protégé par la justice.
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