Guatemala: le pays se prépare au second tour de l'élection présidentielle
Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican
Ce second tour verra l’affrontement de deux candidats : Sandra Torres, chef de file du parti de l’Union nationale dans l’espérance (social-démocrate), arrivée en tête lors du premier tour, et Alejandro Gianmattei, candidat de Vamos, formation placée à droite de l’échiquier politique.
Corruption et impunité
En réalité, ni l’un ni l’autre ne représente une véritable possibilité de renouvellement dans ce pays d’Amérique centrale, miné depuis des décennies par la corruption et l’impunité. Les nombreuses richesses du Guatemala ont été captées par une oligarchie solidement établie alors que plus de 59% de la population vit dans l’indigence. Les réponses que Sandra Torres et Alejandro Gianmattei affirment vouloir apporter à ces phénomènes sont «faibles» et peu susceptibles de changer la donne, analyse Kevin Parthenay, professeur de Sciences politiques à l’Université de Tours et spécialiste de l’Amérique centrale.
Les migrations: sujet brûlant
L’autre défi qui se pose pour la prochaine législature sera incontestablement celui des migrations. Le sujet a, du reste, déclenché une crise politique lors de la campagne du second tour, suite à l’accord sur le droit d’asile conclu le 29 juillet entre l’actuel gouvernement et l’administration Trump. Soumis à forte pression, le Guatemala a ainsi accepté de devenir un «pays tiers sûr» : en pratique, les migrants salvadoriens et honduriens en route vers le nord devront désormais déposer une demande d’asile auprès des autorités guatémaltèques, et non plus aux États-Unis, leur destination finale. Cet accord, qui vise surtout à réduire le flux migratoire centraméricain, fait bondir au Guatemala. Ses contempteurs accusent le président Morales d’avoir vendu la souveraineté du pays à Washington et de s’être plié à ses exigences. Ils estiment aussi que leur pays est loin d’être «sûr», et qu’il n’est pas davantage en mesure d’accueillir 100 000 demandeurs d’asile par an.
Le Guatemala est d’ailleurs aussi un pays de départ. Nombreux sont les Guatémaltèques à fuir la violence et la pauvreté, pour tenter le «rêve américain». Cette émigration de masse constitue l’un des principaux moteurs économiques du pays, puisque 50% de ses ressources proviennent de la diaspora vivant et travaillant aux États-Unis.
La gestion de ce dossier crucial, mais plus encore, le traitement de ses causes profondes, incombera, quoi qu’il en soit, au futur président et à son équipe.
L’analyse de Kevin Parthenay, professeur de Sciences politiques à l’Université de Tours et spécialiste de l’Amérique centrale :
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