La surexploitation des sols et des forêts menace la sécurité alimentaire mondiale
Entretien réalisé par Manuella Affejee - Cité du Vatican
Ce rapport spécial de plus de 1 000 pages est le fruit d’un long travail initié en 2017 par quelque cinquante experts du GIEC; il a été adopté ce mercredi par les représentants de 195 pays et de l’Union européenne, membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, réunis à Genève. Cette vaste étude s’insère dans un tryptique : un premier document, portant sur l’évolution du climat, est déjà paru en octobre 2018, et un troisième, attendu en septembre, concernera cette fois les océans et la cryosphère, -banquise, glaciers, calottes polaires.
Que dit le présent rapport ? En pratique, que l’activité humaine s’étend désormais sur 70% des terres sans glace de la planète ; que l’agriculture et la sylviculture, -qui représentent pas moins de 23% des émissions de gaz à effet de serre-, génèrent de graves conséquences sur la qualité des sols et des écosystèmes naturels, et exacerbent, in fine, les effets du changement climatique…. lequel aggrave à son tour la vulnérabilité des terres.
Transformer ses habitudes
Les experts du GIEC établissent surtout des interactions entre changement climatique, désertification et sécurité alimentaire. Ce point nodal du rapport cristallise d’ailleurs les interrogations et les inquiétudes : alors que la population mondiale devrait atteindre les 10 milliards d’habitants en 2050, comment parvenir à nourrir ces personnes sans attenter à un environnement fragilisé et menacé ? Se pose ici la question de l’équilibre à trouver entre la qualité des sols et les ressources à en tirer, mais plus encore celle des modalités de production et des habitudes alimentaires. A ce sujet, les scientifiques préconisent un changement profond, prescrivant par exemple la réduction de la consommation de viande rouge produite industriellement, au profit des céréales et légumineuses. L’agro-écologie, le retour à des pratiques traditionnelles résilientes et durables sont enfin des moyens privilégiés pour permettre la réhabilitation des sols.
Le philosophe Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne et spécialiste des questions écologiques et environnementales décrypte ce rapport du GIEC.
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