Soudan: le Conseil militaire et la contestation signent l'accord de transition
Adélaïde Patrignani (avec AFP) – Cité du Vatican
L'accord a été signé par Mohammed Hamdan Daglo, numéro deux du Conseil militaire de transition, et Ahmed Al-Rabie, représentant de l'Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), le fer de lance de la contestation.
Des milliers de personnes, venues de tout le pays, remplissaient les rues de la capitale soudanaise à l’occasion de cette étape charnière. Plusieurs dignitaires étrangers ont également assisté à la cérémonie, comme une preuve que la signature de cet accord va redonner du souffle aux relations diplomatiques du pays. Le Soudan réintègrera bientôt l’Union Africaine, dont il avait été suspendu en juin dernier.
Mais ce sont aussi toutes les structures politiques internes qui vont être redéfinies. Le document décrit les 39 mois de transition à venir. La première étape aura lieu ce 18 août, avec l’annonce de la composition du Conseil souverain, l’une des trois instances en charge de la transition. Il comptera cinq militaires et six civils. Le 20 août, ce Conseil souverain devra confirmer – ou non - le premier ministre désigné jeudi par ALC, Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l’ONU. Puis viendra la mise en place d’un conseil des ministres, et d’ici trois mois d’un Parlement. L’objectif étant de parvenir à des élections en 2022 et à la rédaction d’une nouvelle constitution.
Un long processus de reconstruction
Cet accord historique semble équilibré. Il fixe les grandes lignes et laisse une large place au pouvoir civil, comme le réclamait la population soudanaise. Les manifestants ont d’ailleurs célébré la victoire de leur révolution, après huit mois d’un bras de fer contre l’armée, qui a fait plus de 250 morts côté civils. Mais plusieurs défis se profilent, laissant présager une mise en place délicate d’un cadre politique viable: la conciliation des composantes de l’opposition, nombreuses et disparates; le contrôle d’une armée encore influente et de milices déstabilisantes; le démantèlement d’entités islamistes présentes dans des institutions et des secteurs clés de l’économie; la prise en compte de groupes rebelles des régions marginalisées du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan, grands absents de la cérémonie de signature; le rôle accordé aux proches de l’ancien régime d’Omar el-Béchir, encore actifs politiquement… Le tout dans un paysage économique exsangue, marqué par l’inflation et les pénuries.
Ce 17 août devait aussi être le jour de l’ouverture du procès de l’ex-président destitué le 11 avril dernier, après trente ans de pouvoir, et désormais inculpé pour corruption. Mais elle a été repoussée à une date indéterminée.
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