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Feu de forêt près de Concepcion, en Bolivie, le 19 septembre 2019. Feu de forêt près de Concepcion, en Bolivie, le 19 septembre 2019. 

La Bolivie gravement affectée par le manque d'eau et les incendies

Les ressources en eau de la Bolivie fondent, sous l'effet conjugué du dégel des glaciers des Andes, de la sécheresse et d'une mauvaise gestion des ressources. À ce problème s’ajoute les incendies qui ont dévasté depuis le mois d'août plus de 4 millions d'hectares de forêt et de plaines herbeuses. Le gouvernement et la population sont confrontés à des défis environnementaux et humanitaires urgents qui risquent d’entrainer une crise sociale et économique dans le pays.

Cécile Mérieux - Cité du Vatican

Une étude publiée le 16 septembre dans la revue scientifique Nature montre à partir de l'analyse d'images satellitaires, que «les glaciers andins sont parmi ceux qui rétrécissent le plus rapidement». Entre 2000 et 2018, ils ont perdu 23 milliards de tonnes de glace en moyenne par an.

Or, lorsque les glaciers andins auront disparus, les sources seront taries pendant la saison sèche. Déjà, les neiges éternelles, visibles il y a encore une trentaine d'années même en été, n'existent plus.

Lutter contre les pénuries

Déjà, en 2016-2017, une sécheresse inédite avait provoqué d’importantes pénuries d’eau à La Paz donnant un premier avertissement sur une situation hydrique fragile. Une partie des 1,6 million d'habitants de la zone métropolitaine de La Paz, avaient dû faire face à de longues coupures d'eau et de  nombreuses manifestations avaient eu lieu, témoignant de l’inquiétude des populations. Le gouvernement avait alors décrété «l'état d'urgence nationale» face à la pire sécheresse enregistrée depuis 25 ans.

Pour éviter le retour des pénuries, le gouvernement d'Evo Morales a mis les bouchées doubles et engagé un vaste programme d'investissements pour assurer un approvisionnement en eau aux habitants de la capitale. Plusieurs retenues d'eau ont été construites en un temps record autour de la zone métropolitaine.

Lacune de prise de conscience de la population

Pourtant, il semble que ces précédentes pénuries n'aient pas entraîné une prise de conscience collective sur la gestion de la ressource face à un réchauffement climatique inexorable. L'accès à l'eau y étant gratuit, le nombre de personnes ayant recours aux lavoirs publics a augmenté ces dernières années.

Patricia Urquieta, spécialiste en urbanisme à l'université Mayor de San Andrés, regrette qu’ «il n'y a[it] pas eu de politique publique en faveur d'une sensibilisation sur les usages de l'eau», alors que «des rapports montrent que La Paz pourrait se retrouver sans eau, en raison de la diminution des neiges en montagne».

Les Boliviens vont devoir s'adapter à un déficit hydrique que le réchauffement climatique va aggraver avec la disparition des neiges en montagne et la réduction des terres forestières. La réduction de la couverture végétale perturbe aussi la régulation des températures. Une végétation dense et humide favorise le maintien de températures plus basses, alors que les sols nus et secs enregistrent des températures plus élevées.

Dans les flammes

Les incendies en Bolivie ont dévasté depuis le mois d'août plus de 4 millions d'hectares de forêt et de plaines herbeuses, dont une majorité dans le département de Santa Cruz, dans l'est du pays, a annoncé mercredi une ONG de défense de l'environnement.

Le département de Béni a été placé mercredi en «alerte rouge» tandis que le département de Santa Cruz est en alerte maximale depuis début août. Selon les autorités, ces incendies ne sont toujours pas totalement sous contrôle malgré les moyens déployés : deux avions citernes, des hélicoptères et environ 5.000 pompiers, dont des renforts étrangers venus de Suisse, France et Argentine.

Les forêts tendent à diminuer à cause de l'exploitation forestière et des besoins de nouvelles terres pour l'élevage ou de l'agriculture. Les défenseurs de l'environnement reprochent au gouvernement du président Evo Morales d'avoir approuvé récemment une loi autorisant une augmentation de 5 à 20 hectares la déforestation pour des activités agricoles. Les grands groupes démentent utiliser cette méthode et rejettent la responsabilité vers les petits agriculteurs, qui ont recours aux feux pour préparer les terres à la culture et ne maîtrisent pas toujours leur propagation.

Au cours du Sommet présidentiel pour l'Amazonie, organisé à Leticia (sud), et réunissant la Colombie, le Pérou, l'Équateur, la Bolivie, le Brésil, le Suriname et le Guyana, le président bolivien, Evo Morales, a assuré que «la terre mère est en danger de mort» à cause du changement climatique, les atteintes aux sources d'eau et la consommation « excessive». Tous les pays participants du sommet se sont engagés à prendre des «mesures concrètes» pour participer au maintien de l'équilibre climatique dans leur région, essentielle pour le maintien de l’équilibre planétaire. Le texte prévoit des actions conjointes pour la protection de la forêt et la prévention, ainsi que la coordination des pays pour lutter contre les causes de déforestation, telles que l'exploitation minière, le trafic de drogue et l'extension illégale de la frontière agricole.

(avec AFP)

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20 septembre 2019, 11:47