Les camps de migrants en Grèce font «honte» à l’Europe
Cécile Mérieux - Cité du Vatican
Le mois de septembre commence fort pour les autorités grecques et les associations auprès des réfugiés en Grèce. Jeudi 29 août, 13 embarcations de fortune ont débarqué en quelques heures plus de 540 migrants sur l’île de Lesbos, dont près de la moitié sont des enfants. Des milliers de réfugiés ont été transférés du camp de Moria, à d’autres camps de l’île. Saturé, insalubre, ce camp d’enregistrement et d’identification contenait plus de quatre fois sa capacité d’accueil selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés.
Cependant, les réfugiés transférés, en majorité des familles, sont désillusionnés en arrivant dans leur nouveau centre de transfert. Les conditions de vie y sont les mêmes, voire pires : ils sont logés sous des tentes, ont un accès difficile à l’eau et à l’électricité. L’Union grecque des Magistrats administratifs proteste contre la décision gouvernementale de supprimer le droit d’appel pour les demandes d’asile rejetées en première instance. Elles dénoncent un durcissement de la politique migratoire grecque.
Un constat partagé par le père Maurice Joyeux, directeur du Service Jésuite des Réfugiés à Athènes, qui voit dans le transfert de réfugiés de camp en camp des solutions temporaires pour maintenir les réfugiés, mais qui ne résolvent pas le problème : «Ce sont toujours des solutions d’urgence, avec très peu de moyens logistiques. Les gens sont manipulés un peu comme des animaux que l’on traite au mieux et loin des médias».
Une menace prise au sérieux
Partageant une frontière avec la Turquie, les autorités grecques et les ONG restent attentives aux déclarations du gouvernement turc. Ce dernier menace de ne plus tenir les engagements de la déclaration controversée avec l’Union européenne de mars 2016, visant à freiner la route migratoire aux périphéries de l’Europe. S’adressant aux nations européennes, le président turc Recep Tayyib Erdogan a menacé de laisser affluer une nouvelle vague de réfugiés contenus en Turquie. Pour le père Maurice Joyeux, c’est une menace à prendre au sérieux. La Grèce serait aux premières loges d’un tel afflux, subissant une pression croissante tandis que l’Europe reste fermée et inactive. «La Turquie accueille plus de quatre millions de Syriens, déclare le père Maurice Joyeux, nous n’avons pas de leçon à donner». Selon lui, l’Europe a beau donner de l’argent cela ne suffit pas à résoudre le problème sur place.
La responsabilité de l’Europe
«L’Europe doit d’avantage ouvrir ses portes et avoir confiance. Les situations dans lesquelles sont ces familles nous font honte». Selon le père Maurice Joyeux, l’Europe doit être ouverte et résister aux discours idéologiques et extrémiste qui la traverse. Car selon lui, la société civile est prête à accueillir les migrants : «On a eu des signes très forts sur l’ensemble du territoire français que des choses étaient possibles, affirme-t-il, mais elles n’ont pas été réalisées parce que nos frontières n’étaient pas ouvertes et parce qu’on s’est alignés sur des politiques de durcissement, influencés par l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Pologne, des pays qui se disent chrétiens. C’est triste.»
Pour le père Joyeux, l’issue du problème est une question de confiance dans la société. «Il faut sortir de la peur et être accueillants».
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