Législatives anticipées en Israël: Benyamin Netanyahu joue sa survie politique
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Au mois d’août, une grande partie de l’électorat israélien était en vacances, la campagne électorale s’est ainsi accéléré en septembre. En quelques semaines, le Premier ministre sortant Benyamin Netanyahu a cherché à occuper l’espace pour montrer qu’il était le meilleur défenseur des Israéliens.
Des affiches géantes ont fait leur apparition dans les rues du pays, le faisant figurer aux côtés des présidents américain ou russe. Pour montrer qu’il est un homme d’envergure internationale, Benyamin Netanyahu a également effectué plusieurs déplacements à l’étranger, au Royaume-Uni ou en Russie.
Annonces et promesses du chef du Likoud
Soutenant ouvertement le chef du Likoud, Donald Trump a annoncé samedi sur Twitter qu'il venait d'échanger par téléphone avec Benyamin Netanyahu «sur la possibilité d'avancer [si son allié l’emportait] vers un traité de défense mutuelle entre les États-Unis et Israël, qui cimenterait l'alliance exceptionnelle entre [les] deux pays».
À 15 jours du scrutin, Benyamin Netanyahu a également dévoilé avoir conduit des opérations contre le Hezbollah chiite au Liban, donnant l’ordre à l’armée de rester «prête à tous les scénarios»: une manière de signifier qu’il sait défendre son pays.
Enfin à l’adresse des électeurs situés à la droite du Likoud, le Premier ministre sortant a promis d’annexer la Vallée du Jourdain qui se trouve en Cisjordanie occupée, et où sont actuellement établis entre 10 et 30 000 colons israéliens. Dimanche, deux jours avant le scrutin, le gouvernement israélien a donné le feu vert à la légalisation d'une colonie sauvage en Cisjordanie occupée.
En avril 2019, lors des dernières élections, son parti - le Likoud - avait remporté le vote, mais Benyamin Netanyahu n’était pas parvenu à former de coalition avec ses alliés de droite. Lors de cette campagne, il a donc taché de convaincre le plus grand nombre d’électeurs. En cas de nouvelle victoire du Likoud aux législatives et s’il parvenait à former un exécutif, il pourrait battre le record de longévité à la tête du pays, un titre détenu par David Ben Gourion qui était resté Premier ministre pendant plus de 13 ans, de 1948 à 1963.
Face à Benyamin Netanyahu, un ancien chef d'État-major
L’autre favori du scrutin, arrivé deuxième aux législatives d’avril, est le parti Bleu-Blanc, aux couleurs du drapeau israélien, fondé en décembre dernier par Benny Gantz. Sans expérience politique, l’ancien chef d’État-major - il conduisait l’armée lors de la dernière guerre de Gaza en 2014 -, s’est jeté dans l’arène pour spécifiquement renverser Benjamin Netanyahu. Il souhaite redonner un sens de «l’honneur» à la fonction de Premier ministre.
Orateur peu rodé mais sincère, certains le comparent à un ancien Premier ministre très aimé en Israël, Yitzhak Rabin, ex-prix Nobel de la paix, assassiné en 1995.
Dans le manifeste de son parti, la solution à deux États n’est pas mentionnée, mais une séparation entre Palestiniens et Israéliens serait souhaitée.
Le souhait de Benny Gantz serait de créer un gouvernement d’union centriste, excluant les extrêmes, explique Denis Charbit, professeur de Sciences politiques à l’Université ouverte de Tel Aviv.
Selon lui, le scrutin se jouera à quelques voix, et l’abstention sera l’ennemi commun du Likoud et de Bleu-Blanc. Tout pourrait se résumer ainsi à une question de logistique, à celui qui permettra au mieux à son électorat de se déplacer jusqu’au bureau de vote.
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