Syrie: le cardinal Zenari exhorte à reconstruire le tissu social
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
En mars dernier, la Syrie était entrée dans sa 9ème année de conflit. Aujourd’hui, observe le cardinal Zenari, «les bombes ne tombent plus sur certaines régions syriennes mais la guerre n’est pas finie». C’est dans la province d’Idleb, au nord-ouest du pays, encore aux mains des rebelles et djihadistes, que se concentrent les combats et les civils paient un lourd tribut.
Par ailleurs, il y a encore de très nombreux déplacés: des hommes, des femmes et des enfants «vivent toujours sous des arbres» alors que l’hiver approche. Les infrastructures au niveau de la santé et de l’éducation sont exsangues. «Une école sur 3 ne fonctionne pas dans le pays et seuls 46% des hôpitaux publics sont en mesure d’accueillir des patients».
Une grande pauvreté et une cohésion sociale à reconstruire
La pauvreté est extrême, il s’agit d’«une bombe de la pauvreté». «Elle est alimentée par les sanctions internationales». Le cardinal Zenari réclame leur levée soulignant combien les sanctions sur les produits pétroliers pénalisent la population qui, l’hiver dernier, a eu beaucoup de difficultés à se chauffer.
Dans de nombreuses régions du pays, des villes et villages entiers sont à reconstruire mais un autre défi, plus grand encore, est à relever: celui de la cohésion sociale. La guerre a eu des conséquences très graves en terme de liens entre les communautés, s’inquiète le nonce apostolique en Syrie.
«Le tissu social a été très endommagé et les leaders religieux ont un rôle très important à jouer pour recréer du lien, participer à la reconstruction des relations et permettre une réconciliation».
Pour le cardinal Zenari «la blessure la plus grave pour les Églises est l’hémorragie, l’émigration des chrétiens».
La résolution du conflit en Syrie se joue au conseil de sécurité de l’ONU
Après de longues et âpres négociations entre opposition et gouvernement syrien, l'ONU a annoncé, le 23 septembre dernier, la création d'un Comité constitutionnel pour la Syrie. Il aura pour tâche de rédiger une Constitution ouvrant la voie à de nouvelles élections. Le cardinal Zenari salue un «signe positif», un «pas énorme» après des mois d’impasse, mais il reste prudent et évoque un chemin encore long et difficile avant une solution politique.
«La guerre doit tout d’abord s’achever à New York au sein du Conseil de sécurité» insiste le nonce en Syrie qui rappelle que «cinq armées, sont présentes sur le sol ou dans le ciel syrien». Des armées, «parmi les plus puissantes au monde, en rivalité entre elles». Malheureusement, déplore-t-il, «la Syrie est dans l’œil d’un grand cyclone».
Le conflit en Syrie est «un calvaire» mais le cardinal Zenari voit néanmoins des signes d’espérance à travers la présence de nombreux Simon de Cyrène, Véronique et bons samaritains, semences de générosité et de bonté. «Un jour, exprime-t-il dans un soupir, le désert de pierre de Syrie fleurira lui aussi».
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