La contestation ne faiblit pas en Algérie
Marine Henriot - Cité du Vatican, avec agences
Les rues du centre d’Alger étaient noires de monde ce vendredi 25 octobre. Dans le viseur des manifestants, le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, dont les mots échangés lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine ont jeté de l’huile sur le feu. Sur une vidéo, le président algérien par intérim, discutant avec Vladimir Poutine a déclaré «la situation en Algérie est sous contrôle»; la flambée est alors immédiate sur les réseaux sociaux, et descend dans la rue, où l’on voyait ce vendredi des pancartes d’Abdelkader Bensalah en compagnie de Vladimir Poutine.
Au-delà de cette colère survenue contre le chef d’État par intérim, c’est tout un système que le mouvement algérien «Hirak» conteste depuis neuf mois. Après la démission d’Abdelaziz Bouteflika en avril, l’annulation du scrutin en juillet faute de candidat, la prochaine présidentielle doit se tenir le 12 décembre prochain. Mais les pancartes se suivent et se ressemblent: le vote n’aura pas lieu, peut-on lire, car les Algériens refusent de voter pour perpétuer un système politique. Sur ces pancartes également, une botte dessinée, représentant le peuple, envoie le chef d'État-Major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays depuis le départ d'Abdelaziz Bouteflika, rejoindre le président par intérim, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre Nourredine Bedoui dans une «poubelle de l'Histoire».
Validation des candidatures jusqu'au 26 octobre
Le délai de dépôt des candidatures expire à minuit, mais pour l’instant, seuls de vieux loups de la politique algérienne sont sur la ligne de départ: Azzedine Mihoubi pour le RND (le rassemblement national démocratique), et Abdelkader Bengrina, tous les deux anciens ministres d’Abdelaziz Bouteflika.
Cinq autres candidats ont rendez-vous dans la journée pour valider leur candidature. Peu de chance cependant qu’ils trouvent grâce aux yeux des manifestants. Tant que le général Ahmed Gaid Salah restera l’homme fort du pays, il y aura peu de place pour l’apaisement en Algérie.
Des cortèges ont également réuni, sans incidents, des foules importantes dans plusieurs autres villes du pays, selon les témoignages et images postées sur les réseaux sociaux. Comme à Alger, les manifestants ont réclamé en outre la libération de la centaine de «détenus d'opinion», manifestants, militants ou journalistes, incarcérés depuis juin pour des faits liés au «Hirak» .
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici