Les inconnues de l’offensive turque dans le Nord de la Syrie
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
L’annonce par Donald Trump le 6 octobre d’un retrait des forces américaines au Nord de la Syrie avait renforcé une certitude : la Turquie avait désormais carte blanche pour mener une opération militaire dans la région, afin d’anéantir sa bête noire, les combattants kurdes YPG, considérés par Ankara comme «terroristes». Mercredi 9 octobre, les forces turques ont donc lancé l’assaut contre les positions kurdes, en lançant des obus ou en menant des frappes aériennes. Jeudi à la mi-journée, 60 000 civils avaient déjà fui les bombardements selon une ONG locale.
L’objectif du président turc Recep Tayip Erdogan est de créer une zone tampon dans la région en éloignant les YPG de la frontière pour contrer toute tentative de jonction avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Après les premiers bombardements des secteurs frontaliers, l’armée turque est passée dans une deuxième phase avec des mouvements au sol, franchissant la frontière turco-syrienne.
Des condamnations unanimes
Dans le même temps, Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, ont annoncé jeudi avoir repoussé un assaut de l’armée turque dans le secteur de Ras al-Aïn . L’offensive de la Turquie a provoqué un tollé dans la communauté internationale, le Congrès américain promettant des «sanctions infernales» contre Ankara. L’Iran, pays voisin de la Turquie a appelé à une «cessation immédiate de l’offensive» tandis que plusieurs ambassadeurs turcs ont été convoqués, comme en France ou aux Pays-Bas.
Sûr de sa force et en réponses aux critiques, le président turc a menacé l’Union Européenne: «Si vous essayez de présenter notre opération comme une invasion, nous ouvrirons les portes et vous enverrons 3,6 millions de migrants» a-t-il tonné. Cette offensive, qui peut bouleverser la géopolitique régionale répond en tous cas avant tout à un agenda de politique intérieur pour la Turquie, comme nous l’explique Samim Akgönül, directeur du département d’études turques de l’université de Strasbourg.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici