Bolivie: un évêque s’inquiète de la situation de plus en plus dramatique
Hier, de nouveaux affrontements armés entre partisans et opposants du président Evo Morales, réélu dans des conditions suspectes lors de la présidentielle du 20 octobre dernier, ont encore frappé la capitale administrative de la Bolivie, La Paz, faisant de nombreux blessés. Il y a quelques jours, à Cochabamba, le chef-lieu de la province centrale de Cercado, des échauffourées ont causé la mort d’une personne et en ont blessé 89 autres. Les appels au calme du candidat de droite Carlos Mesa, qui souhaite éviter toute violence et régler la crise dans le respect de l’ordre constitutionnel, n’ont pas rencontré l’écho espéré.
«La situation se complique d’heure en heure. Il faut faire tout de suite quelque chose», a averti Mgr Jorge Herbas Balderrama, interrogé par Radio Vaticana Italia, qui raconte les pressions du pouvoir socialiste sur la population. Il explique notamment que des paysans ont ainsi été contraints de venir manifester en ville contre les opposants au gouvernement, sous peine de sanction ou d’amende.
Les ruraux manipulés contre les urbains
Le conflit actuel risque donc de dériver en un affrontement entre paysans des campagnes et habitants des villes, surtout les employés et les jeunes. «Les gens des campagnes appuient le gouvernement tandis que les citadins, en majorités des étudiants et des universitaires, voudraient que le président Morales quitte le pouvoir», explique l’évêque.
Il révèle aussi que «dans les campagnes, durant les récentes élections, de nombreux paysans ont été menacés. Et le vote de nombreuses personnes officiellement décédées aurait été pris en compte.»
L’Église bolivienne tente d’œuvrer pour une pacification nationale
À cause de la situation très tendue, la conférence épiscopale bolivienne a annulé l’assemblée ordinaire prévue ces jours-ci et chaque évêque a décidé de se rapprocher de sa population, afin d’en alléger les souffrances. «Nous le faisons avec notre présence personnelle et avec des messages de réconciliation. L’Église demande la paix et la cessation des affrontements. Par exemple, dans les manifestations d’il y a deux jours, trois évêques étaient présents. Ils ont tenté une médiation entre les parties, qui s’est bien terminée : il n’y a pas eu de violence.»
Dans les rues des villes et des villages, la prière pour la paix, quand c’est possible, se rend bien visible. L’évêque d’Aiquile le raconte : «Des évêques et des prêtres descendent sur les places en brandissant des drapeaux blancs et ils prient. L’Église est contre la violence et contre tout soulèvement populaire. Nous cherchons par tous les moyens possibles d’apporter la paix dans un pays blessé.»
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