Escalade de la violence en Guinée
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
Au moins 17 morts dans les manifestations depuis le 14 octobre 2019 : dans un rapport publié mercredi 13 novembre, intitulé «Guinée, les voyants rouges à l’approche de l’élection présidentielle», l’ONG Amnesty International s’inquiète des violations des droits humains qui se multiplient ces dernières années en Guinée.
Soixante-dix manifestants ou passants, dont un enfant de sept ans atteint par une balle perdue, ont été tués depuis janvier 2015 lors de rassemblements; les témoignages et les munitions employées désignent les policiers ou les gendarmes, dit l'ONG. Trois membres des forces de l'ordre sont également morts, ajoute-t-elle.
Des forces de l’ordre qui agissent en toute impunité
«Les voyants sont au rouge à l’approche de l'élection présidentielle de 2020», explique François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest francophone à Amnesty International. «La liste des personnes qui décèdent dans ces manifestations ne cesse d’augmenter», et les personnes qui expriment leur désaccord avec le gouvernement, que ce soit des journalistes ou des manifestants, se font arrêter et sont victimes de harcèlement judiciaire.
«Les forces de police le disent, le problème c’est que les manifestations sont souvent interdites», détaille le chercheur. Elles considèrent en conséquence que «c’est leur devoir d'arrêter les regroupements en utilisant la force quand c’est nécessaire».
Manifestation contre une réforme de la constitution
Depuis mi-octobre, le Front National pour la Défense de la Constitution mobilise ses militants pour faire barrage au projet prêté au président Condé de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser pour cela la Constitution, qui limite actuellement à deux le nombre des mandats présidentiels.
A 81 ans, Alpha Condé entretient le flou sur ses intentions, mais a entamé en septembre des consultations sur la Constitution. L'opposition accuse de dérive «dictatoriale» l'ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu en 2010, réélu en 2015, après des décennies de régimes autoritaires et militaires.
«Il est impératif que la communauté internationale envoie des messages forts à la Guinée afin que les élections se passent dans le meilleur des climats possibles», conclut François Patuel.
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