Des inondations d’une intensité exceptionnelle frappent Venise
Les Vénitiens sont accoutumés à la marée haute de l’acqua alta, qui revient chaque année dès que l’automne arrive. Mais ce phénomène atteint aujourd’hui des proportions catastrophiques, jamais vues depuis plus de 50 ans. Les vents violents qui soufflent depuis mardi sur la Cité des Doges parachèvent un tableau aux couleurs apocalyptiques. Les eaux ont pris d’assaut Venise, s’engouffrant dans ses canaux, submergeant les terrasses des cafés, emportant tables et chaises le long des ruelles. Plusieurs vaporetti ont été jetés contre les quais par la fureur des vagues. La crypte et le narthex de la splendide Basilique Saint-Marc ont été inondés, événement qui s’est produit cinq fois dans son histoire, dont trois seulement ces vingt dernières années.
Changement climatique et insuffisance de moyens de protection
Cette inondation a provoqué la surprise parfois amusée des touristes, mais l’inquiétude des Vénitiens, qui pointent un désastre sans précédent pour leur précieuse ville, où les pompiers ont dû intervenir à plus de 170 reprises la nuit dernière.
Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, affirme que tous les services de la ville sont mobilisés, mais en appelle directement aux autorités italiennes: quid du projet Moïse et des digues flottantes qui devraient en théorie protéger Venise de ce phénomène toujours plus dévastateur pour son patrimoine? Initié en 2003, il n’a toujours pas été mené à terme, alors que le temps presse… Le maire, qui a demandé l’état de catastrophe naturelle, prévient: «nous risquons bientôt de ne plus arriver à faire face». La Sérénissime, qui compte en son cœur historique seulement 50 000 habitants, reçoit 36 millions de visiteurs par an, dont 90% d'étrangers, selon des chiffres officiels.
Pour le ministre de l'Environnement, Sergio Costa, les causes du désastre sont «claires»: «c'est la conséquence directe des changements climatiques et de la tropicalisation des phénomènes météorologiques».
Un nouveau pic est prévu vers 23H00 ce 13 novembre, et d'autres épisodes de marée haute sont annoncés, à raison de deux par jour, par le Centre des marées de Venise.
«Beaucoup d’amertume» pour le Patriarche de Venise
Mgr Francesco Moraglia, Patriarche de Venise, a réagi à ces inondations, tout en se rendant dans les rues de la ville pour constater les dégâts, discuter avec la population et rencontrer les autorités locales. «J’ai très peu dormi et j’ai beaucoup prié pour mon peuple», confie celui en qui l’«amertume, beaucoup d’amertume» prédomine en ce triste jour. Mgr Moraglia dénonce «le silence des autorités centrales». Il explique que des demandes leur avait pourtant déjà été adressés suite à l’acqua alta survenue il y a un. «Nous les accueillons toujours volontiers quand ils viennent inaugurer la Biennale, les expositions et bien d’autres belles manifestations et fêtes vénitiennes. Mais nous voudrions qu’ils soient aussi présents autour d’une table où l’on puisse discuter ensemble de notre sécurité, parce qu’ici on parle désormais de sécurité de la ville», poursuit-il.
Le Patriarche de Venise a demandé à la Caritas diocésaine de Venise de mobiliser tous les moyens possibles pour venir en aide aux personnes sinistrées, en particulier les plus fragiles comme les sans-abri. «Je souhaite – et je suis convaincu, a-t-il ajouté, que nos paroisses aussi se rendront disponibles dans les heures qui viennent, autant que possible et nécessaire, afin de secourir et d’accueillir».
Mgr Moraglia a aussi exprimé son inquiétude au vu des dommages dans la Basilique Saint-Marc, en particulier dans le narthex et la crypte, où reposent ses prédécesseurs. Le site internet du Patriarcat de Venise signale que de nombreuses autres églises de la ville ont été gravement endommagées.
(Avec AFP).
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