Journée mondiale de l’Enfance, des droits toujours menacés
Élargissant aux enfants le concept de droits de l'homme tel qu’il est prévu par la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, cette convention mondiale introduit le concept d'intérêt supérieur de l'enfant et consacre le passage de l'enfant «d'objet de droit» à «sujet de droit».
30 de progrès notables…
En trente ans, une sensibilisation et un travail accru de la part des États, ONG, société civile et médias, la vie des enfants du monde entier s’est fortement améliorée. L’Unicef, institution elle-même créée au lendemain de la Seconde guerre mondiale en 1946, constate ainsi aujourd’hui que les décès d’enfants de moins de 5 ans ont baissé de plus de 50% depuis 1990, que la proportion d’enfants sous-alimentés a presque diminué de moitié toujours depuis 1990, que 2,6 milliards de personnes de plus ont accès à une eau potable plus salubre par rapport à 1990.
…mais des chiffres toujours alarmants
Mais l’organisation relève aussi que des millions d’enfants sont toujours laissés pour compte dans un contexte où l’enfance évolue rapidement… Ainsi, 262 millions d’enfants et de jeunes sont déscolarisés de par le monde, 650 millions de filles et de femmes ont été mariées avant leur 18 ans, et un enfant sur quatre vivra dans une région où les ressources en eau seront extrêmement limitées d’ici à 2040. Des enjeux sanitaires, sécuritaires et économiques complètent ce panorama.
L’enjeu éducatif
Aujourd’hui, un enfant sur quatre vit dans un pays touché par des combats violents ou une catastrophe et 28 millions d’enfants ont été contraints de partir de chez eux en raison de la guerre et de l’insécurité. Face à l’arrivée de plusieurs grandes vagues d’enfants syriens fuyant la guerre en République arabe syrienne, le gouvernement libanais a par exemple dû faire face au défi d’accueillir des centaines de milliers d’enfants supplémentaires au sein de son système scolaire public déjà sous pression.
L’irruption soudaine des problématiques numériques perturbe aussi les parcours de vie des enfants. Des «empreintes numériques» mal gérées peuvent en effet conduire à des manipulations et exploitations variées.
A cet égard, l’Unicef remarque par exemple que «trop souvent, les enfants ne sont pas informés des droits qu’ils ont sur leurs propres données et ne comprennent pas les conséquences de l’utilisation de ces données ni la situation de vulnérabilité dans laquelle cela peut les placer».
L’engagement du Pape François
De manière soutenue depuis le début de son pontificat en 2013, le Pape François lance souvent des appel en faveur des droits de l’enfant, si menacés dans le monde.
«Je fais appel à la conscience de tous, institutions et familles, afin que les enfants soient toujours protégés et que leur bien-être soit toujours défendu afin qu’ils ne soient plus victimes de formes d’esclavage, du recrutement dans les groupes armés et de mauvais traitements», déclarait le Pape argentin à l’issue de l’audience générale du 16 novembre 2016.
De nouveaux Hérode menacent l’enfance
Mais encore, à l’occasion de la fête des Saints-Innocents, François demandait dans une lettre adressée aux évêques du monde entier d’avoir le «courage» d’agir pour la protection des enfants contre les dangers qui les menacent. «Le courage de protéger l’enfance des nouveaux Hérode de notre époque qui détruisent l’innocence. Une innocence brisée sous le poids du travail clandestin et de l’esclavage, sous le poids de la prostitution et de l’exploitation».
«Les enfants doivent pouvoir jouer, étudier et grandir dans un environnement serein. Malheur à celui qui étouffe en eux l’élan joyeux de l’espérance!», s’exclamait le Pape François dans un tweet publié à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des mineurs en juin 2018.
La Lettre aux enfants de saint Jean-Paul II
Avant le Souverain pontife argentin, c’est le Pape polonais qui avait pris la plume s’adressant directement aux premiers concernés. Le 13 décembre 1994, pendant l’année de la Famille, paraissait ainsi la Lettre aux enfants rédigée par saint Jean-Paul II.
Le Saint-Père originaire de Wadowice en Pologne y dressait les louanges de la beauté et la richesse de l’enfance, époque bénie à préserver précieusement.
«Laissez les enfants venir à moi» (Mc, 10,14)
«Dans l'histoire de l'Enfant de Bethléem, écrivait Jean Paul II aux enfants d’hier et d’aujourd’hui, vous pouvez reconnaître le sort des enfants du monde entier. S'il est vrai qu'un enfant représente non seulement la joie de ses parents, mais aussi celle de l'Église et de la société tout entière, il est vrai également qu'à notre époque il y a malheureusement beaucoup d'enfants qui, en divers endroits du monde, souffrent et sont menacés: ils endurent la faim et la misère, ils meurent de maladie et de malnutrition, ils tombent victimes des guerres, ils sont abandonnés par leurs parents et condamnés à rester sans toit, privés de la chaleur de leur famille; ils subissent de nombreuses formes de violence et d'oppression de la part des adultes. Comment est-il possible de rester indifférent face à la souffrance de tant d'enfants, surtout quand, d'une manière ou d'une autre, elle est provoquée par les adultes?», s’indignait le Saint-Père dans sa lettre.
Et le saint Pape Jean-Paul II de citer le Christ aux apôtres: «Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent» (Mc 10, 14), ou encore, «Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des cieux» (Mt 18, 3).
Saint Jean-Paul II évoquait cette figure de l’enfant si importante aux yeux de Jésus. «On pourrait aller jusqu'à lire l’Évangile dans son ensemble comme l'Évangile de l'enfant’’», ajoutait-il.
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