Violentes émeutes en Iran: l’État affirme reprendre le contrôle
Priscille Pavec - Cité du Vatican
Selon le plan prévu par le gouvernement, le prix de l’essence augmentera de 50% et passera donc à 15 000 rials (onze centimes d’euros) pour un maximum de soixante litres par mois, chaque litre supplémentaire coutant 30 000 rials (vingt-deux centimes d’euros). La mesure devrait rapporter 300 000 milliards de rials (environ 2,3 milliards d’euros) qui bénéficieraient aux 60 millions d’Iraniens les moins favorisés, soit environ 75% de la population.
Violente récession
Le pays, marqué par une profonde crise économique et sociale, refuse en bloc ce projet de réforme. Les lourdes sanctions économiques prononcées contre l’Iran suite au retrait unilatéral des Etats-Unis, en 2018, de l'accord international sur le nucléaire iranien, ont en effet plongé le pays dans une violente récession. La consommation de carburants y est, en outre, extrêmement élevée, l’Iran étant l’un des pays où l’essence est la plus subventionnée.
La Turquie voisine a réagi lundi matin par la voix de Mevlut Cavusoglu, chef de la diplomatie turque, qui a déclaré espérer un prompt retour au calme dans le pays. Il a rappelé les bonnes relations qu’entretiennent l’Iran et la Turquie, et a réaffirmé l'opposition d'Ankara aux sanctions américaines contre Téhéran. L’inquiétude pointe, en effet, du côté d’Ankara, où le gouvernement a conscience qu’une déstabilisation iranienne serait un mauvais coup porté à l’économie turque.
L’Allemagne s’est également faite entendre en appelant l’Iran à respecter des «manifestations légitimes».
Accusations d'ingérence
Les accusations d’ingérence n’ont pas manqué, notamment contre les États-Unis. La diplomatie iranienne a ainsi déploré des remarques «interventionnistes» et «hypocrites» suite aux encouragements prodigués aux manifestants iraniens par Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain.
Les autorités iraniennes affirment aujourd’hui maîtriser une situation devenue plus calme, même si elles reconnaissent «quelques problèmes mineurs» au cours des émeutes. Le président Hassan Rouhani avait haussé le ton hier, expliquant que l’Etat iranien ne tolèrerait pas «l’insécurité». Le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, avait lui aussi dénoncé les émeutiers comme étant des «criminels» et des «hooligans». Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabii, a finalement affirmé lundi que «demain ou après-demain nous n'aurons plus aucun problème d'émeutes».
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