En Guinée, Alpha Condé éclaircit ses intentions
Marine Henriot - Cité du Vatican
À 81 ans, le chef d’État guinéen se verrait bien rempiler. Mais la constitution guinéenne de 2010 empêche le président de faire plus de deux mandats consécutifs. Qu’à cela ne tienne, Alpha Condé a confirmé ce qu'une frange de la société craignait depuis des mois: il y aura une nouvelle constitution, et elle sera soumise à référendum.
Jeudi 19 décembre, lors de son allocution le président n’a pas dévoilé les détails de la future constitution. L'article 40 stipule que «le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois».
La question est de savoir si cette disposition s'appliquerait à M. Condé, ou bien si les compteurs seraient remis à zéro avec l'adoption d'une nouvelle constitution.
#Amoulanfe
À la suite de l’allocution présidentielle, sur les réseaux le mot clé «amoulanfe», «ça ne passera pas» en langue locale, s’est diffusé comme une traînée de poudre.
Depuis octobre, un collectif de partis et de représentants de la société civile descend la rue pour s’opposer ce projet d’Alpha Condé, au moins 20 civils ont été tués lors de répressions des cortèges. Le petit pays d’Afrique de l’Ouest est coutumier des manifestations et des répressions brutales, les appels au calme de la communauté internationale restent inaudibles.
Opposant historique qui connut l'exil et la prison, Alpha Condé a été le premier président de la Guinée démocratiquement élu en 2010. Son avènement a marqué l'instauration d'un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires, mais ces derniers mois les défenseurs des droits dénoncent une régression, les opposants d’Alpha Condé parlent de dérives dictatoriales.
Une chose est sûre: l’année 2020 sera charnière en Guinée, les législatives doivent se tenir en février et la présidentielle à la fin de l’année.
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