En Haïti, la situation sanitaire continue de s’aggraver
Marine Henriot - Cité du Vatican
L'hôpital de MSF a ouvert ses portes le 27 novembre, peut-on lire sur le site de l’organisation. Au cours des cinq premiers jours, il a déjà accueilli une vingtaine de personnes, souvent souffrant de blessures potentiellement mortelles, telles que des fractures ouvertes ou des plaies par balle, des blessures dues à la violence qui sévit au quotidien dans la société haïtienne.
Dans un pays ravagé par le séisme de 2010 qui avait tué près de 230 000 personnes et le système haïtien n’arrive pas à soigner tous ses citoyens, justifie MSF. Et les blessés sont nombreux, car depuis août, Haïti est en proie à une grave crise avec des manifestations à répétition, souvent émaillées de violences, pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse, éclaboussé dans un scandale de corruption.
Rues barricadées
Sur place, la situation déjà précaire se dégrade. Des rues sont régulièrement bloquées par des barricades de pneus en feu, des câbles ou même des murs, rendant difficile la circulation des ambulances et l’approvisionnement en carburant et matériel médical. MSF dénonce également l’aggravation de la situation dans les zones rurales, où l’offre de soins se détériore.
En juillet de cette année, MSF alertait sur la montée des violences sur l’île et annonçait avoir reçu dans ses structures déjà présentes le double de patients blessés par balle. Selon les Nations unies, 42 personnes sont mortes en marge des manifestations dont 19 ont été tuées par la police depuis mi-septembre en Haïti.
Plusieurs fois, les évêques haïtiens sont montés au créneau pour trouver une issue à cette crise qui ruine le pays. Dans un message partagé en septembre, ils estimaient que si Haïti a atteint un point de non retour, c’est à cause du comportement de ses dirigeants. «Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins», s'indignait l'épiscopat.
Large scandale de corruption
Jovenel Moïse, en fonction depuis le 7 février 2017, s’était fait élire en promettant «à manger dans toutes les assiettes et de l'argent dans les poches». Deux ans plus tard, la réalité est toute autre : la hausse des prix dépasse 15%, la valeur de la monnaie s’est effondrée, et 60% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
En juin, un rapport accablant de la Cour des comptes haïtienne épinglait Jovenel Moïse, l'accusant d’être au centre d’un vaste stratagème de détournement de fonds. Au cœur de cette corruption, l’argent versé entre 2008 et 2018 par le Venezuela avec le programme Petrocaribe, un gaspillage selon la Cour des comptes, faisant part de dépenses «exorbitantes et extravagantes» menées, soi-disant, au nom de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, alors qu'en réalité elles étaient détournées, au détriment des populations les plus vulnérables censées en bénéficier.
Dans un pays ou plus de la moitié de la population a moins de 20 ans, «aucune préoccupation sur les générations futures n’a été prise en compte», alors que le remboursement de cette dette au Venezuela leur incombera, détaillait la Cour des comptes.
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