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Une manifestation devant le parlement de Beyrouth au Liban, le 8 décembre 2019. Une manifestation devant le parlement de Beyrouth au Liban, le 8 décembre 2019.  

Liban: malgré la crise, une solidarité qui peut renforcer la société

Cela fait maintenant deux mois qu’un mouvement populaire inédit touche le Liban. Des manifestations demandent le démantèlement de la classe politique au pouvoir. Une situation qui accentue les difficultés économiques du pays, déjà au bord du gouffre. Sœur Antonette Assaf, responsable du dispensaire Saint Antoine des Soeurs du Bon Pasteur dans un quartier populaire de Beyrouth, garde malgré tout espoir et note que la solidarité est bien présente dans la société libanaise.

Olivier Bonnel / Marine Henriot - Cité du Vatican

Dans un quartier populaire du nord-ouest de Beyrouth, la capitale libanaise, le dispensaire Saint Antoine accueille depuis 2005 les réfugiés et toute personne en situation de précarité. Depuis le début des manifestations au Liban, la responsable du dispensaire, sœur Antonette Assaf, note une dégradation des conditions de vie dans le pays, «tout ce qui peut toucher à la vie d’un pays, d’une société, est en chute libre».

Situé dans un quartier multiculturel et multiconfessionnel, le dispensaire sert une population fragilisée de réfugiés ou de libanais. «Cette population devient de plus en plus fragile, et les personnes qui vivent en situation moyenne tombent dans la précarité», note sœur Antonette Assaf, qui explique que désormais, une quarantaine de personnes se rend également au dispensaire avec un besoin d’aide alimentaire, en plus d’un besoin de soins et médicaments. Les médicaments deviennent par ailleurs de plus en plus difficiles à trouver, car une pénurie pointe, et les prix augmentent. 

Une situation pire que durant la guerre civile 

Sœur Antonette Assaf parle d’un Liban où des dizaines de commerces et d’institutions ferment par jour, et dénonce le manque de matières premières. «Il y a des femmes qui pleurent, qui demandent d’avoir du lait et des couches pour leur bébé. C’est une situation que nous n’avons même pas connu pendant la guerre civile et les bombardements, car à cette époque il y avait quand même les matières premières pour subvenir aux besoins des gens», détaille la responsable du dispensaire, «ça risque encore d’empirer si il n’y a pas une situation de sauvetage, c'est tout le pays qui souffre».

Depuis la démission de Saad Hariri le 29 octobre, poussé dehors par la rue, le Liban semble dans une impasse. Plusieurs noms de favoris pour le poste ont circulé ces dernières semaines, tous rejetés par les manifestants qui réclament une équipe de technocrates et d’indépendants, qui ne seraient pas issus du sérail politique. Fin novembre, Saad Hariri annonçait qu’il ne souhaitait pas diriger le futur gouvernement, mais le système confessionnel libanais repose sur un équilibre du partage du pouvoir entre les différentes communautés, et Saad Hariri reste le principal représentant du camp politique sunnite.

Une situation politique qui est de mauvais augure pour l’économie du pays: la Banque mondiale prévoit une récession économique pour 2019 avec un taux de croissance négatif de -0,2 %. Environ un tiers des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, tandis que le chômage, qui atteint plus de 30% chez les jeunes, n'a eu de cesse de grimper ces dernières années.

La multiplication des gestes de solidarité 

«Dans l’immédiat, je ne vois pas beaucoup de signe d’espoir», commente sœur Antonette Assaf, mais elle ne craint pas pour autant un effondrement du pays. «Les Libanais sont un peuple qui a beaucoup de foi, qui s’attache beaucoup à l’espérance». La religieuse estime que la vague de manifestations porte un vent nouveau de solidarité dans le pays du Cèdre, «maintenant, ce qu’on voit ce sont des gestes de solidarité, qui n’ont jamais eu lieu avant». 

Pour la responsable du dispensaire, l’espoir réside dans la foi et la solidarité de la population libanaise. «Des groupes de personnes deviennent solidaires des plus faibles et des plus pauvres, des gens de différentes confessions se regardent comme des personnes humaines et ne regardent plus l’autre comme étant différent». La différence est une source de division plaide la sœur, et les manifestations «ont eu ce “quelque chose” de positif. Nous espérons que cette acceptation de l’autre et ces gestes de solidarité vont continuer à solidifier la société libanaise, j’ai espoir en ces gestes-là».

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14 décembre 2019, 16:08