Réchauffement diplomatique entre le Soudan et les États-Unis
Marine Henriot - Cité du Vatican
Un rapprochement spectaculaire entre le Soudan et les États-Unis a eu lieu mercredi 4 décembre. Le Premier ministre de transition du Soudan, Abdallah Hamdok s’est rendu aux États-Unis pour amorcer une reprise des relations diplomatiques, une visite déjà couronnée de succès: le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé un retour d’ambassadeurs dans chaque pays, un ambassadeur américain au Soudan, et vice-versa. Cela faisait 23 ans que les ambassades entre États-Unis et Soudan étaient fermées.
Liste noire des Américains
Un geste des Américains pour encourager le gouvernement de transition réformateur soudanais, mis en place après la démission d’Omar al-Béchir. «Les relations américano-soudanaises vont se renforcer», a déclaré Mike Pompeo. Ces relations étaient au plus bas depuis 1993, l’année où Omar al-Béchir a accueilli Oussama Ben Laden, chef du réseau terroriste Al-Qaïda. Les États-Unis ont alors ajouté le Soudan sur leur liste des pays soutenant le terrorisme. En 1998, après les attentats meurtriers d’Al-Qaïda contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, Washington a mené des frappes aériennes au Soudan.
Avec l’arrivée de l’économiste Abdallah Hamdok au pouvoir, les deux pays veulent entamer une nouvelle ère: c’est la première fois depuis 1985 qu’un dirigeant soudanais est accueilli à Washington par les autorités. La priorité du Premier ministre de transition soudanais est de plaider auprès des Etats-Unis pour qu’ils retirent Khartoum de leur liste noire, car cette position entrave les investissements extérieurs vers le Soudan, et Abdallah Hamdok le sait bien: une relance de l’économie est indispensable si le Soudan veut mener à bien le reste de ses réformes.
Le gouvernement américain a récemment dit être prêt à envisager de tourner cette page si des progrès suffisants étaient réalisés au Soudan, tout en soulignant que le processus prendrait un certain temps. Et plusieurs membres du Congrès, tout en apportant leur soutien aux autorités de Khartoum après avoir également rencontré Abdallah Hamdok, ont évoqué leurs «inquiétudes persistantes», demandant davantage de «transparence financière dans le secteur de la sécurité» et des éclaircissements sur «des éléments de l'ancien régime qui pourraient toujours soutenir le terrorisme international».
Le 17 août dernier, les militaires au pouvoir et les représentants de la contestation qui ont mené à la démission d'Omar al-Béchir en avril signaient un accord historique, qui encadre une transition d’un peu plus de trois ans, devant déboucher sur des élections.
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