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Le cortège funéraire du général Soleimani à Kerbala, le 4 janvier 2020 à Kerbala. Le cortège funéraire du général Soleimani à Kerbala, le 4 janvier 2020 à Kerbala. 

Mgr Warduni s’inquiète du risque d’aggravation des violences en Irak

Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Bagdad, exprime la préoccupation du peuple irakien et de la communauté chrétienne face aux tensions qui montrent entre l’Iran et les États-Unis après l’élimination du général Soleimani.

Ce samedi matin matin, la capitale irakienne a été le théâtre du cortège funèbre du général iranien Soleimani, tué lors d’une frappe américaine. Des milliers de personnes y ont participé, beaucoup d'entre elles criant des slogans contre l'Amérique. À la fin, des funérailles nationales officielles ont eu lieu dans la zone verte de Bagdad en présence de nombreux dirigeants irakiens, dont le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi, démissionnaire depuis le 1er décembre 2019 mais toujours en poste pour le moment, faute de successeur.

Pendant ce temps, alors que la République islamique d’Iran a formulé une protestation officielle auprès de l'ONU, le président américain Donald Trump a  revendiqué la décision de l'opération et il a maintenu la pression sur tous les milieux liés au gouvernement de Téhéran. Donald Trump affirme que le général Soilemani planifiait des attaques imminentes et assure qu'il n'a pas été tué pour provoquer un changement de régime ou pour déclencher la guerre.

Le Moyen-Orient en état d’alerte

Les responsables de la Défense américaine ont annoncé que 3500 soldats supplémentaires seront envoyés au Moyen-Orient. Des troupes seront déployées en Irak, au Koweït, au Liban en réponse aux menaces de vengeance des milieux chiites. Dans le même temps, des sources de la défense américaine ont également annoncé que la coalition anti-Daech en Irak réduira ses opérations pour des «raisons de sécurité». Une ligne de prudence est également exprimée par l'OTAN qui va suspendre les missions de formation en Irak.

D'autre part, côté iranien, le guide suprême Ali Khamenei a promis des représailles contre les responsables de l'attaque, et il a proclamé trois jours de deuil national. Le président Hassan Rohani, a pour sa part déclaré que «le sang du martyr Soleimani sera vengé le jour où nous verrons la main malfaisante de l'Amérique coupée à jamais de la région». L’Iran a également déposé à l'ONU une lettre qui dénonce une grave violation du droit international et qui qualifie cette opération américaine de «terrorisme d'État».

Mgr Warduni : le monde doit prier pour la paix

Mais comment la population irakienne et en particulier la communauté chrétienne du pays vivent-elles ce moment ? Nous l’avons demandé à Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Bagdad :

«C'est un moment critique, très difficile, car notre religion est la paix : "Je vous donne la paix, non pas comme le monde la donne". Au lieu de cela, le monde d'aujourd'hui ne veut que des intérêts personnels, il ne veut qu'occuper ici et là parce que ces deux derniers mois, deux ou trois nations ont voulu occuper d'autres nations. C'est une chose terrible et donc nos Irakiens sont en grande difficulté, ils souffrent tellement. C'est l'apostolat du Saint-Père : semer la paix dans le monde. Et il tire cela de l'Évangile de Jésus parce que lui, le Christ, nous dit "aimez-vous les uns les autres". C'est pourquoi nous appelons le monde entier à faire la paix, à aider à semer vraiment la paix, sans intérêts personnels.

Comment le peuple irakien vit-il ces heures-ci ? Même la communauté chrétienne est inquiète de cette nouvelle escalade de la violence...

Bien sûr, bien sûr : tout le monde a peur qu'il y ait une guerre et ce serait une chose terrible, parce que la famille irakienne est déjà dispersée dans le monde entier : un fils dans ce pays, un fils dans un autre pays, etc. Nous n'avons pas de paix, c'est pourquoi nous ne voulons que la paix et la tranquillité. Espérons que c'est ce que feront les chefs d'État, car le monde entier est sens dessus dessous : au lieu de semer la paix, nous semons la haine. Nous remercions le Saint Père, mais nous demandons au monde entier de prier, de revenir à Dieu : c'est le plus important, parce qu'en se détournant de Dieu, on fait tout le mal possible. Nous vous demandons donc, nous vous demandons de prier pour la paix.

Dans la délicate mosaïque irakienne, toutes les confessions religieuses doivent être réunies. Cette attaque compromet-elle les efforts de coexistence? Une paix durable est-elle possible?

Une paix durable et forte est-elle possible ? Je ne sais pas. Parce qu'il y a des intérêts personnels. Le Seigneur nous dit clairement depuis 2000 ans que nous ne pouvons pas servir Mammon et Dieu en même temps : ou Dieu, ou Mammon. C'est comme ça. La majorité veut de l'argent. Où est le monde, où est-il? Nous prions le monde entier de prier pour la paix, d'aider à semer la paix.

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04 janvier 2020, 17:06