En Russie, la constitution modifiée pour préparer l’avenir
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
C’est une annonce qui a créé la surprise en Russie: mercredi 15 janvier, Vladimir Poutine a présenté une série de réformes constitutionnelles, promettant de réduire les prérogatives du chef de l’État et d’augmenter celles du Parlement, qui sera désormais chargé de nommer le Premier ministre.
Une réforme qui permet au président russe d’amorcer sa transition du pouvoir, tandis qu’il ne pourra plus se présenter pour un nouveau mandat de président à la fin de son mandat actuel, en 2024. «Cette réforme constitutionnelle lui permet de se placer un peu en surplomb», explique Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et ancien ambassadeur de France en Russie. Vladimir Poutine pourrait ainsi continuer à occuper la fonction de président du conseil national de sécurité, qui veille aux intérêts du pays et peut-être celle de président du Conseil d’Etat dont les pouvoirs pourraient être renforcés. Malgré une popularité aux alentours de 70 %, Vladimir Poutine semble comprendre que l'érosion guette sa verticale du pouvoir, vieille de 20 ans.
Tournant social
Cette annonce de réforme fut suivie de la démission du gouvernement et du Premier ministre, Dmitri Medvedev, fidèle homme de l’ombre du président russe. Pour lui succéder, Vladimir Poutine a choisi la figure de Mikhaïl Michoustine, jusqu’alors inconnu du grand public et patron du fisc russe. Un profil social et technocrate, en adéquation avec la politique qu’entend mener l'exécutif russe. «Ce technocrate va probablement mettre en musique cette troisième période du règne de Vladimir Poutine», détaille Jean de Gliniasty. Après une période de redressement économique, puis un volet sur la puissance internationale, «le troisième contrat moral que Mikhaïl Michoustine sera chargé d’appliquer sera une politique sociale», le discours de Vladimir Poutine devant l’Assemblée lors de cette annonce de la réforme de la constitution était en grande partie consacrée à la politique sociale du pays.
Un tournant social indispensable pour le pays et pour l’avenir de Vladimir Poutine et Russie Unie. Moscou fut pendant l'été 2019 le théâtre d’une vive grogne populaire, en septembre 2019, le parti pro-présidentiel, Russie Unie, était si impopulaire que les candidats du pouvoir ne se sont pas présentés sous cette étiquette lors des élections locales à Moscou. Et ils ont essuyé un camouflet. Or, en 2021, les Russes sont appelés aux urnes pour des élections législatives.
Comment expliquer cette nouvelle orientation qui tend à diminuer la verticalité du pouvoir en Russie? Les réponses de Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et ancien ambassadeur de France en Russie.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici