Le Canada paralysé, les autochtones mobilisés contre un projet d’oléoduc
Anne-Quitterie Jozeau – Cité du Vatican
Le mouvement de contestation des Amérindiens rejoint par des activistes écologistes, se poursuit au Canada pour protester contre le projet de construction d’un oléoduc qui s’étendrait sur plus de 670 kilomètres à travers des terres autochtones entre Dawson Creek et l’usine d’exportation de Kitimat, dans le nord de la Colombie-Britannique, une province à l’ouest du Canada.
Malgré l’approbation de certains représentants des nations natives, de nombreux clans affichent une nette opposition à ce pipeline.
Parmi leurs actions coup-de-poing, ils ont installé des barrages sur les voies ferrées. Plusieurs compagnies ferroviaires notamment Via Rail et Canadien National ont été contraintes de suspendre le trafic dans l’ensemble du pays. Or, le chemin de fer permet d'acheminer chaque année plus de 300 milliards de dollars canadiens de biens, soit 209 milliards d'euros, d'un bout à l'autre du Canada.
Réaction du gouvernement
La classe politique et en particulier le chef de l’opposition, le conservateur Andrew Scheer, réclame une intervention des forces de l'ordre, afin de mettre fin aux barrages, une option pour le moment rejetée par le gouvernement fédéral.
En pleine campagne diplomatique en vue de l’élection du Canada au Conseil de sécurité des Nations unies, le Premier ministre Justin Trudeau a décidé de reporter son dernier voyage à la Barbade afin de réunir ce lundi ses ministres autour de cette problématique. Il a notamment invité les représentants natifs à participer à une réunion avec la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett. Il plaide et tente d’instaurer un dialogue depuis le début de la crise, pour l’instant sans succès.
Un tracé longuement étudié
Par ailleurs, de nombreux politiciens et manifestants ont demandé au promoteur de ce projet d’oléoduc, TC Energy, une modification de son tracé, dans le but de contourner ces terres autochtones. Le TC Energy s’y refuse. Il rappelle que ses équipes ont travaillé plus de 100 000 heures sur l’élaboration de ce plan, et qu’il est plus «viable» et plus économique ainsi. Si le tracé était modifié, le pipeline enjamberait huit rivières et coûterait 600 à 800 millions de dollars supplémentaires.
En guise de compromis, le promoteur du pipeline avait cependant proposé de décaler l’oléoduc du centre de guérison Unist’ot’en, principal lieu de contestation.
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