Tugdual Derville: les personnes handicapées sont des révélateurs d’humanité
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Il y a tout juste 15 ans, le 11 février 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées était promulguée en France. Les progrès effectués depuis seront mesurés ce mardi depuis le Palais de l’Élysée. «Cette conférence tombe à mi-mandat, ce sera donc aussi l’occasion de tirer un bilan de l’action du gouvernement dans le champ du handicap, mais aussi de donner des perspectives», a ainsi fait savoir la présidence de la République.
Les associations, dans l’ensemble peu satisfaites, attendent avec impatience des annonces en matière de scolarisation des enfants en situation de handicap, mais aussi sur la manière de favoriser l’emploi et les démarches des personnes handicapées. Ainsi, le collectif Handicaps, qui regroupe 47 associations nationales de personnes en situation de handicap et leurs familles, «n'attend pas uniquement des déclarations de solidarité mais des preuves et des avancées», comme le souligne un communiqué.
En France, une «injonction paradoxale» à surmonter
Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, a une longue expérience auprès des personnes handicapées. Dès les années 1980, il s'implique dans l'accueil d'enfants en situation de handicap et fonde en 1986 l'association “À bras ouverts”, qui organise l’accueil, d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes porteurs d’un handicap, pour des week-ends ou des séjours de vacances.
«Derrière la fragilité il y a comme un appel à l’humanité», témoigne-t-il, «les personnes porteuses de handicap sont comme des révélateurs d’humanité pour moi». Malgré les difficultés persistantes, «le monde progresse dans l’accueil des personnes avec un handicap», remarque toutefois Tugdual Derville. Mais en France, celles-ci «vivent une sorte d’injonction paradoxale»: incitées à prendre «toute leur place dans la société», elles participent davantage au bien commun; mais en même temps, tout est fait pour éviter la naissance de ces personnes considérées comme étant «de trop». Il faut donc continuer de susciter une prise de conscience, et placer les personnes handicapées «au cœur des familles, au cœur des projets sociaux, au cœur des projets environnementaux», pour rendre la civilisation encore plus humaine.
Tugdual Derville commente aussi la tendance à méconnaître «l’infini prix de chaque personne», et à rejeter la «compatibilité entre l’épreuve et le bonheur». Il faudrait davantage «adopter le regard du Créateur» pour déceler les «pépites de vie» que porte chaque personne, au-delà des apparences.
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