Allemagne: confusion politique en Thuringe
Entretien réalisé par Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Son élection n’aura pas tenu vingt-quatre heures. Mercredi, le candidat du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich a été porté à la tête de la Thuringe, une région de l'Est du pays, faisant autrefois partie de la RDA. Son élection a provoqué une onde de choc dans le pays alors que la gauche était arrivée en tête. Le ministre-président sortant, Bodo Ramelow, de la gauche radicale Die Linke, pensait pouvoir se faire reconduire à la tête d'une coalition minoritaire de gauche, c’était sans compter le calcul politique fait part le parti conservateur CDU de la chancelière Angela Merkel, qui pour la première fois a uni ses voix au parti d’extrême droite AFD.
Dans tout le pays, la presse s’est émue que pour la première fois depuis la fin de la guerre, un ministre-président de région puisse être élu grâce au concours de l’extrême-droite. Des manifestations de protestation ont été organisées dans plusieurs villes de Thuringe mais aussi à Berlin devant le siège du parti libéral.
«Acte impardonnable»
En déplacement en Afrique du Sud, la chancelière allemande n’a pas caché sa consternation, évoquant «un acte impardonnable» et «un mauvais jour pour la démocratie». Les responsables régionaux de la CDU n’ont en effet pas suivi la ligne traditionnellement prônée par le parti, qui s’est bâti sur l’absence de toute compromission avec des formations extrémistes. Björn Höcke, le leader local de l’AFD, représente l’aile la plus dure du parti d’extrême-droite. Il s’est notamment fait connaître en revendiquant la fin de la culture de repentance de l’Allemagne pour les crimes nazis, pourtant l'un des piliers de la politique allemande d’après-guerre.
Face à une situation explosive, Thomas Kemmerich a annoncé ce jeudi après-midi que sa démission était «inévitable» et a appelé à des élections anticipées. Cet épisode montre combien les formations politiques en Thuringe se sont fragmentées ces dernières années dans une région où le bipolarisme a longtemps régné. L’éclairage de Jérôme Vaillant, professeur émérite de civilisation allemande contemporaine et directeur de la revue Allemagne d'aujourd'hui .
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