Les réfugiés pris en étau à la frontière turco-grecque
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
La Grèce a empêché ces dernières 24 heures 4 000 réfugiés venant de Turquie d’entrer sur son territoire. «Nous avons protégé nos frontières et celles de l’Europe», déclarait ce samedi le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas. «Le chantage (du président turc) Erdogan ne marchera pas», a en outre déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Miltiadis Varvitsiotis. «Nous ne tolérerons aucune entrée illégale», a-t-il dit sur Skai TV, faisant référence à la décision de la Turquie d’ouvrir ses frontières vers l’Europe.
En effet, la veille, vendredi 28 février, la Turquie a annoncé rompre le pacte passé avec l'Union européenne l’impliquant à retenir les réfugiés sur son territoire, afin d’inciter cette dernière à la soutenir sur le front syrien. Une décision de Recep Tayyip Erdogan après la perte de 33 militaires turcs dans la province d’Idleb en Syrie, où s’affrontent les forces syriennes, soutenus par les Russes, contre différents groupes rebelles ou terroristes, appuyés par Ankara. Or le gouvernement turc cherche à mettre en place une zone de sécurité le long de sa frontière avec la Syrie, pour arrêter l’afflux de réfugiés sur son sol.
Deux pays en première ligne d’arrivée des réfugiés
En Turquie et en Grèce, les effets de la décision turque ont été immédiats. Le père Maurice Joyeux fait parti des JRS (le service jésuite des réfugiés) international. Il nous parle de Mousslima, une femme réfugiée avec enfant, qui a vécu en Grèce un temps avant d’être repoussée en Turquie. Elle envisage désormais de revenir en Grèce. À l’image de Mousslima, ils sont des centaines, partout en Turquie, à se mettre en chemin pour tenter de passer la frontière européenne. «Je suis en contact avec des Afghans qui se sont mobilisés tout de suite, certains sont déjà partis avec des bus gratuits depuis Istanbul vers la frontière grecque et sont bloqués en attente de pouvoir passer».
À la frontière, les réfugiés sont pris en étau par les autorités grecques et turques, repoussés de part et d’autres. Il faut dire que la Grèce et la Turquie font déjà face à une forte pression migratoire, pesant sur la société civile. Pour ne prendre que l'île grecque de Lesbos en exemple, elle compte sur son petit territoire 40 000 personnes dans des camps qui ne disposent que de 6 200 places, engendrant une situation sanitaire dramatique. La Turquie, de son côté, abrite environ 3,7 millions de réfugiés syriens. «La population civile est fatiguée», soupire le père Maurice Joyeux. «Le vrai sujet, c’est l’ouverture des frontières vers les Balkans, car la Grèce ne pourra pas supporter ce qu’il se passe en ce moment».
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