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La conférence de Yalta La conférence de Yalta 

Il y a 75 ans, la conférence de Yalta

Pendant longtemps, la conférence de Yalta, qui réunit en février 1945 les représentants de l’Union soviétique, des États-Unis et du Royaume-Uni, a été présentée comme le «partage du monde» par les futurs vainqueurs de l’Allemagne nazie. Qu’en est-il réellement ?

Entretien réalisé par Manuella Affejee – Cité du Vatican

Nous sommes en février 1945; après avoir brisé les armées allemandes sur le front Est, non sans d’immenses pertes humaines, les armées soviétiques se rapprochent de Berlin, tandis qu’à l’Ouest, les forces alliées progressent inexorablement, elles aussi. La guerre n’est alors pas finie, mais son issue ne fait aucun doute: le sort du IIIème Reich est pratiquement scellé.

Forts de cette certitude, les trois futurs vainqueurs –le président américain Franklin Roosevelt, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le dirigeant soviétique Joseph Staline- se réunissent dans la station balnéaire de Yalta sur la mer Noire en Crimée, du 4 au 11 février.

Cette conférence au sommet s’inscrit en réalité dans un cycle de rencontres initié dès 1943. C’est au cours de ces discussions bipartites ou tripartites à Moscou ou à Téhéran que se décident déjà le sort futur de l’Allemagne vaincue ainsi que le nouvel ordre européen qui émergera de cette défaite.

En février 1945, dans le palais de Livadia, ancien lieu de villégiature du dernier tsar Nicolas II, les trois hommes entérinent donc des dispositions déjà prises en amont, parmi lesquelles le partage de l’Allemagne en zones d’influences, le déplacement des frontières polonaises vers l’Ouest et l’organisation d’élections libres dans les États libérés. Cette dernière mesure ne sera pas appliquée dans les territoires conquis par Moscou.

La France, qui n’avait pas été conviée, en conçut une réelle amertume; cette mise à l’écart du cercle des grandes nations fut vécue comme une humiliation et nourrit en grande partie la «légende noire» de Yalta.

Reste que cette conférence garde une dimension très symbolique, étant la dernière réunissant ensemble Roosevelt -qui décédera deux mois plus tard-, Churchill et Staline; d’autres y verront encore les prémices de la Guerre froide et de la bipolarisation du monde.

L’éclairage de l’historien Pierre Grosser. Il enseigne l’Histoire des relations internationales à Sciences Po Paris.

Entretien avec Pierre Grosser

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10 février 2020, 08:27