L'économie libanaise au risque d'un destin grec
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
D’ici le mois de mars, le Liban doit rembourser plus d’1 milliard de dollars de bons du Trésor. Pour cela, il a sollicité l’assistance technique du Fonds monétaire international. Les soutiens internationaux du Liban conditionnent quant à eux leur aide financière à la mise en place de réformes «crédibles et efficaces».
Une tâche titanesque attend donc le gouvernement d’Hassan Diab, nouveau premier ministre déjà contesté par la rue.
Les inégalités, fioul de la révolte populaire
La dette avoisine les 92 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, faisant craindre un défaut de paiement. Le chômage déjà élevé avant la contestation, notamment parmi les jeunes, a bondi ces derniers mois avec la suppression de 220 000 emplois depuis octobre, selon l'institut de sondage local Infopro.
«La situation rappelle ainsi les scénarios grecs, argentins et chypriotes», observe Karim Bitar, directeur de l’Institut de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, insistant sur le système économique «inégalitaire» du pays.
De fait, la Banque mondiale a averti en novembre que la moitié de la population au Liban pourrait bientôt vivre sous le seuil de pauvreté.
De son côté, le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, a exhorté le nouveau gouvernement à prendre «des mesures audacieuses même si douloureuses pour sauver le pays de l'effondrement».
L’illusion financière
La communauté internationale s'est engagée en 2018 à apporter une aide financière au Liban de plus de 11 milliards de dollars en contrepartie de réformes, restées lettre morte. Les prêts et dons prévus n'ont ainsi toujours pas été débloqués.
Et pour cause, au Liban, la crise est structurelle et systémique. Pour être sauvé, le modèle économique du pays, basé sur la finance et l’immobilier au détriment de l’industrie et de l’agriculture, nécessite une refonte radicale, avance Karim Bitar.
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