Madagascar: le coût du déclin de la nature aura une forte incidence sur le PIB de l’île
Anne-Quitterie Jozeau – Cité du Vatican
Grâce à de nombreuses études, des méthodologies et des modèles économiques déjà établis, les chercheurs ont pu définir les impacts du déclin à la fois économiques – sur la disponibilité en eau, sur la déforestation- et sociaux, notamment en terme de migrations.
Les causes de ce déclin sont multiples, à commencer par la pression exercée sur le marché international «Il y a toute une demande extérieure d’Asie, en particulier de la Chine», commente Tiana Ramahaleo.
Les mangroves, zones de fret et de pêche au poisson et à la crevette, connaissent depuis quelque temps une perte annuelle de 2% de leur surface. En vingt ans, 58 000 hectares de mangroves ont ainsi disparu. Celles-ci jouent un rôle économique important puisqu'elles peuvent produire jusqu’à 2,5 tonnes de crabes au kilomètre carré selon le Fonds mondial pour la nature. Entre 2000 et 2008, l’île a perdu 20 millions de dollars en matière d’exportations, à cause de la surexploitation des crevettes, au-delà de la capacité de ressources. Ces facteurs entraînent ainsi une perte significative économique pour le pays.
Le coût engendré par ces dégradations
Le déclin de la nature à Madagascar se manifeste par un recul de la forêt : 510 000 hectares déboisés en 2017 et 367 000 en 2018 selon le Global Forest Watch. Ces forêts sont transformées en terres cultivables, notamment pour le maïs ou la pistache.
Aujourd’hui, une main-d’œuvre importante est réquisitionnée pour ces cultures, mais «c’est la génération future qui va en subir les conséquences». «L’avenir des jeunes est assez hypothéqué», ajoute le directeur de conservation.
Déjà le rapport de la Banque mondiale de 2013 avait prévenu l’île des dangers qu’encourraient ses ressources naturelles. Chaque année, Madagascar perd un demi-milliard de dollars, «à cause de la dégradation de la nature».
Le rôle du gouvernement malgache
L’État malgache est conscient de l’accélération du déclin de la richesse naturelle de l’île. L’actuel président, Andry Rajoelina, mène une politique visant d’ailleurs à «reverdir» Madagascar. Il tente ainsi de reboiser massivement : environ 40 000 hectares par an.
«La reforestation est une grande chose, mais le plus important est de préserver ce qu’il y a» s’exclame Tiana Ramahaleo, c’est-à-dire «notre richesse, renforcer la gestion des aires protégées des forêts, des systèmes hydrologiques».
La demande en charbon constitue un vrai problème. Par exemple dans le sud-ouest de l’île, 100% du charbon alimentant la ville de Tuléar provient de forêts naturelles, «épineuses, uniques dans le monde».
L’engagement du gouvernement doit aller plus loin : avec WWF, Tiana Ramahaleo souhaite mettre en place «une économie forestière plus durable : que d’ici 2030, 50% du bois domestique proviennent de forêts artificielles et de source durable».
L’environnement, une affaire de tous
Tiana Ramahaleo rappelle enfin que l’environnement n’est pas seulement une affaire du ministère de l’Environnement, mais bien de l’ensemble du gouvernement «Il faut intégrer cet aspect de durabilité dans tous les secteurs», car ils sont tous dépendants de la nature. «Tout le monde doit prendre cela en compte», conclut le directeur de conservation de WWF Madagascar.
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