Au Soudan du Sud, une main tendue pour la paix
Marie Duhamel – Cité du Vatican
Devant ses partisans réunis le 14 février à Juba la capitale sud-soudanaise, le président Kiir assurait qu’il ne cèderait pas aux pressions internationales pour parvenir à un compromis avec Riek Machar, son ancien Premier ministre accusé d’avoir tenté de le renverser en 2013, au début de la guerre.
Mais ce samedi matin, Salva Kiir a tenu un tout autre discours. Au terme d’une rencontre avec des hauts responsables de l’armée et du gouvernement, il vient d’accepter «dans l’intérêt de la paix» de revenir au système en place au moment de l’indépendance du pays en 2011, un système fédéral à 10 États et non 32 comme aujourd’hui. Salva Kiir est accusé par ses détracteurs de les avoir multipliés pour augmenter ainsi le nombre de ses alliés.
Toujours pas d'armée nationale
Avec cette main tendue, le président du Soudan du Sud attend maintenant un geste de la part de Riek Marchar qui pour l’instant ne dit mot. La question des États régionaux et du tracé de leurs frontières est le principal point de discorde entre les deux hommes, mais il en existe d’autres, comme les dispositions sécuritaires du futur gouvernement.
Conformément aux termes de l’accord de paix signé en 2018, des combattants des deux camps ont été cantonnés dans des casernes, mais leur entrainement en vue de former une nouvelle armée nationale n’a pas commencé. L’Onu a de surcroit constaté les conditions de vie «abominables» dans lesquelles vivent ces hommes. Sur les 100 millions de dollars promis, le gouvernement dit en avoir pourtant débloqué 40 millions.
Des progrès vers la réconciliation
Le processus de réconciliation au Soudan du Sud est suivi avec attention par le Saint-Siège et par le Pape François qui a exprimé plusieurs fois son désir de se rendre dans le pays en guerre depuis 2013, à condition bien sûr que la paix soit retrouvée et un gouvernement d’union formé.
À Rome la communauté de Sant’ Egidio contribue au lent travail de réconciliation. Le premier cycle de négociations suivant les accords de cessez-le-feu au Soudan du Sud, signés à Rome le 12 janvier dernier, s'est tenu au siège de la communauté ces jours-ci, en présence de représentants du gouvernement sud-soudanais et de l'opposition ainsi que des observateurs internationaux de l'IGA, des Nations-Unies et de l'Union Européenne.
Barnaba Marial Benjamin, envoyé spécial du président Salva Kiir, a remercié Sant'Egidio d'avoir créé les conditions d'un "dialogue inclusif", précisant : «Nous sommes sur le bon chemin de la paix, tant souhaitée par le pape François». Un nouveau cycle de discussions se tiendra à Rome au mois de mars en compagnie de chefs militaires du Soudan du Sud.
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