L’Irak confronté à la paralysie politique
Entretien réalisé par Olivier Bonnel- Cité du Vatican
Quelle est réellement la marge de manœuvre du président irakien Barham Saleh ? Elle semble bien mince après le retrait de Mohamed Allawi. Dans une lettre amère adressée lundi dernier au président, celui qui avait été désigné en décembre dernier pour former un gouvernement explique avoir renoncé en dénonçant «des partis qui ne négocient que pour leurs propres intérêts, sans aucun respect pour la cause nationale». Le 1er mars, et pour la 3e fois en trois semaines, le vote de confiance du nouveau gouvernement a échoué faute du quorum atteint. Mohamed Allawi avait promis un cabinet «historique», composé uniquement de ministres techniques, non partisans, choisi pour leurs compétences.
La population lassée
Depuis le mois d’octobre de nombreux manifestants, en majorité chiites campent dans le centre de Bagdad pour exiger un changement profond du système politique du pays. Des manifestations qui ont aussi eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Bassorah ou Nadjaf, berceau du chiisme irakien. La population est fatiguée des élite sdirigeantes jugées profondément corrompues. Le futur Premier ministre aura la lourde tâche de restaurer la confiance dans une classe politique discréditée.
Selon plusieurs sources, le président irakien aurait déjà choisi son futur chef de gouvernement : le patron du renseignement Moustafa al-Kazimi. Quel qu'il soit, le prochain chef de gouvernement aura fort à faire dans un pays où les antagonismes entre les pro-iraniens et leurs ennemis n’ont jamais semblé aussi exacerbés. Malgré sa volonté de se passer des partis, le président Saleh ne pourra faire fi d’un système parlementaire où les blocs d’intérêts sunnites ou chiites s’affrontent. Adel Bakawan est chercheur associé à L’IFRI (l’Institut Français des relations Internationales) et directeur du centre de sociologie de l’Irak.
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