Covid-19 : Trouver le juste plan de relance pour l’Union européenne
Marie Duhamel – Cité du Vatican
C’était lors de sa messe quotidienne ce mercredi. Le Saint père a plaidé pour «l’unité fraternelle dont rêvaient les pères fondateurs de l’Union européenne». Déjà dans son message Urbi et Orbi, François invitait les Européens à retrouver «un esprit concret de solidarité».
Aujourd’hui, il semble que la plupart des dirigeants de l’UE s’entendent sur la nécessité de mesures de soutien à l’économie des 27 états membres. La récession les guette tous. Selon le FMI, l’UE confinée devrait enregistrer une chute record de 7,1% de son PIB cette année. On parle d’un plan qui s’élèverait entre 700 et 1500 milliards d’euros. La difficulté pour les 27 est de trouver le juste modus operandi
Coronabonds
L’Italie, la France et l’Espagne défendent un endettement commun, les fameux «coronabonds», pour bénéficier des meilleures conditions d’emprunt sur les marchés. Mais pas dans les mêmes termes. Paris souhaite l’émission de titres pour une période limitée, par exemple à 5 ans remboursables sur 20 ans. Madrid préfère des titres sans date d’échéance avec un remboursement des intérêts grâce à taxes écologiques. Dans ce cas de figure, la Commission européenne emprunterait au nom de tous, et attribuerait l’argent levé à l’aune de l’impact de la pandémie sur les économies locales. Les États rembourseraient en fonction de ce que représentent leur PIB dans l’ensemble du PIB européen.
Problème, ce scénario convient aux nations les plus endeuillées du sud de l’Europe, mais il fait grincer des dents au nord, en Allemagne et aux Pays-Bas en particulier. Berlin et La Haye ne veulent pas qu’on leur lègue le fardeau de la dette de pays qui n’auraient pas su gérer leur finance durant la période de croissance de ces dernières années.
Budget européen
La chancelière allemande serait favorable à un plan de relance financé par le prochain budget européen en cours d’élaboration pour la période 2021-2027. Son montant pourrait être accru pour augmenter les dépenses. Dans le cadre du budget, des emprunts obligataires communs pourraient être levés. Mais là encore, comment répartir les fonds levés ? Que faire de l’argent ? Faut-il soutenir en priorité la santé, la recherche ou le marché de l’automobile ? Et cela se fera-t-il sur le dos des investissements traditionnels comme celui de la Politique agricole commune, intouchable pour certaines nations ?
Bref, le sujet est complexe et il ne pourra se résoudre, de l’aveu de certains hauts responsables, que lors de réunions physiques entre chefs d’Etats. Les discussions bilatérales, pour mieux se comprendre, étant souvent décisives. D’ailleurs, aucune déclaration commune n’est attendue ce jeudi.
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